Certains passionnés la considèrent comme le Saint Graal du rétrogaming. D’autres la voient comme un ovni technologique un rien intimidant. Ce qui est certain, c’est que cette console ne ressemble à aucune autre… et c’est sûrement pour cette raison qu’elle plaît autant aux collectionneurs. La Vectrex mérite que l’on s’y attarde, et ça tombe bien ! Une nouvelle version arrive bientôt…

Le seul moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder

La passion nous pousse parfois à faire des dépenses qui ne sont absolument pas raisonnables. Quand j’ai commencé à m’acheter d’anciennes consoles de jeux, je m’étais fixé comme limite de seulement récupérer des machines que je possédais quand j’étais plus jeune, mais que j’avais revendues (afin de pouvoir m’en acheter de nouvelles). Les fameuses dépenses qui ravivent des souvenirs, qui ont du sens dans notre vie de joueur.

Cette envie m’a motivé à retrouver une Nintendo 64, une PS2, une Game Boy, et même une R-Zone (de Tiger). Avec des prix du rétrogaming ne cessant d’augmenter, me cantonner à des machines anciennement possédées était l’assurance de ne pas craquer pour des PC Engine ou autre Saturn aux ludothèques hors de prix. Cependant, deux machines me faisaient de l'œil à cause de leur concept étonnant : la Virtual Boy et la Vectrex. Comme chacun le sait, les limites sont faites pour être dépassées : j’ai fait une exception à la règle.

Les vecteurs de réussite

Le concept de la Vectrex repose sur un principe unique en son genre, surtout au début des années 1980. Contrairement aux consoles de salon des années 1970-1980 (Magnavox Odyssey, Atari 2600, NES, etc.), cette machine ne se relie pas à un écran, puisque l’écran est directement intégré à la machine. Après avoir conçu la première console portable de l’histoire avant Nintendo, Jay Smith, le papa de la Vectrex, veut apporter les bornes d’arcade à la maison… avant SEGA ! Pratique à une époque où les téléviseurs sont encore rares dans les foyers, et où le jeune joueur doit attendre que les parents aient fini de regarder leur programme avant de pouvoir s’amuser.

Ce n’est pas la seule chose qui différencie ce hardware des autres : sur l’écran 12 pouces confectionné par Samsung, ce ne sont pas des bitmaps qui s’affichent, mais des vecteurs. Autrement dit, ce ne sont pas des sprites composés de petits carrés que l’on voit, mais des segments. Pour le joueur, ça change tout : à l’écran, il n’y a ni pixellisation, ni aliasing… tout est net et lumineux comme si l’on regardait des ondes sur un oscilloscope. Sauf qu’ici, ce ne sont pas des formes froidement sinusoïdales que l’on admire bêtement, mais des vaisseaux spatiaux évoluant dans l’espace, des voitures de course fonçant à vive allure, voire des petits bonhommes grimpant sur des structures pour sauver leur bien-aimée.

C’est en grande partie pour cette raison que j’aime toujours jouer à la Vectrex aujourd’hui : contrairement à l’Atari 2600 et ses pixels baveux, pour ne citer qu’elle, la machine distribuée par MB (en France) affiche des visuels précis. Je vous assure, même aujourd’hui, c’est étrangement beau. Les rotations ainsi que les zooms se font de manière fluide et cerise sur le gâteau, les jeux sont livrés avec des overlays (filtres en plastique transparent) à glisser sur l’écran afin d’afficher quelques couleurs. L’objet a aujourd’hui un charme rétrofuturiste divin, en plus d’apporter un fun arcade immédiat – et vous connaissez peut-être ma passion pour le plaisir 100 % arcade – dès que l’on prend le pad. La manette, parlons-en, elle était elle aussi en avance sur son temps, avec ses quatre gros boutons d’action et son joystick, qui, là encore, innovait par rapport à la concurrence, puisqu’il était analogique. Nous parlons d’un hardware sorti en 1982 !

Vectrex 2025 : la résurrection

Elle a vraiment plein de qualités cette Vectrex. Certes, ses jeux (officiels) ne sont pas nombreux, nous n’en comptons qu’une trentaine, mais ils ont le mérite d’être très amusants, en particulier Cosmic Chasm, Fortress of Narzod, Scramble, Berserk et Pole Position. Elle a un concept singulier, elle est résistante (contrairement à la Virtual Boy) et elle dispose d’un deuxième port manette pour que l’on s’amuse à deux. Alors, qu’est-ce qui a bien pu se passer au début des années 1980 pour que la machine ne parvienne pas à s’imposer ? Évidemment, son prix (près de 1 000 francs) et son écran monochrome n’ont pas aidé à atteindre un large public. En outre, la crise du jeu vidéo qui touche les Etats-Unis à cette période précipite la chute de GCE (le distributeur de la machine). MB rachète GCE mais se fait racheter par Hasbro en 1984, ce qui scelle le destin de la console.

Jusqu’à présent, les passionnés de jeux vidéo qui souhaitaient se procurer une Vectrex devaient parcourir les brocantes en croisant les doigts. Une autre solution existera bientôt. Dévoilée à la gamescom 2025, la Vectrex Mini proposera une révision de la console dans un boîtier deux fois plus petit. L’écran proposera de l’AMOLED 5 pouces en 800x600 et le microprocesseur ESP32 qui l’équipe devrait permettre de faire tourner l’intégralité des jeux avec de meilleures performances. Des mini overlays seront de la partie afin de proposer une expérience comparable à celle de l’époque… mais en plus petit. Le Kickstarter débutera le 3 novembre et si vous souhaitez plus d’informations, c’est par ici que ça se passe.