Alors que Joker : Folie à Deux sombrait dans un naufrage financier il y a 5 ans, Warner avait tenté de sauver les meubles. Une stratégie désastreuse, qui avait surtout provoqué le départ fracassant de Christopher Nolan.
Un désastre financier inattendu
En 2019, le premier film Joker avait stupéfié Hollywood : avec un budget modeste de 70 millions de dollars, il avait dépassé le milliard de recettes mondiales. Mais cinq ans plus tard, Joker : Folie à Deux avait pris une trajectoire opposée. Conçu comme une comédie musicale audacieuse, le film de Todd Phillips avait coûté près de 200 millions à produire et devait franchir le seuil des 450 millions pour espérer être rentable. Or, malgré l’aura de Joaquin Phoenix et l’arrivée de Lady Gaga, les spectateurs n’avaient pas répondu présent. Les chiffres du box-office mondial plafonnaient autour de 165 millions, laissant Warner avec une perte estimée à 150 millions de dollars.

La déception avait été d’autant plus brutale que la communication avait clairement insisté sur le virage artistique du projet. Pourtant, une partie du public affirmait avoir été prise de court en découvrant un film largement chanté, ce qui avait entraîné un boycott sur les réseaux sociaux. Décrié, moqué et accusé de trahir l’esprit du premier opus, Joker : Folie à Deux s’était rapidement imposé comme l’un des fiascos les plus commentés de l’époque. Pour Warner, il fallait agir vite, quitte à briser les règles établies.
Une décision radicale… et fatale
Face à la catastrophe, Warner avait choisi une voie jugée suicidaire par nombre d’observateurs : écourter l’exploitation en salles pour basculer le film en VOD à peine un mois après sa sortie. Prévu pour le 29 octobre 2020, ce lancement numérique devait limiter les pertes et relancer l’intérêt médiatique. Mais cette manœuvre s’était révélée doublement contre-productive : non seulement elle avait confirmé aux yeux du public que le film était un échec, mais elle avait aussi accentué les risques de piratage.

Parmi les plus virulents critiques de cette stratégie figurait Christopher Nolan. L’auteur de The Dark Knight et Inception, farouche défenseur de l’expérience cinématographique en salles, avait jugé cette décision comme une trahison envers l’industrie. Déjà en froid avec Warner, il avait profité de cette affaire pour rompre définitivement avec le studio. Quelques mois plus tard, il avait rejoint Universal pour développer Oppenheimer, marquant ainsi la fin d’une longue collaboration.
Avec le recul, cette fuite illustre l’effet domino causé par l’échec du deuxième opus de Joker. La tentative précipitée de sauver un film en perdition a non seulement échoué à redresser les comptes, mais elle a aussi coûté à Warner l’un de ses réalisateurs les plus prestigieux. Un choix qui, cinq ans après, reste encore un exemple criant de mauvaise gestion dans l’histoire récente du cinéma hollywoodien.