Depuis son annonce officielle au Games Showcase organisé par Microsoft en juin dernier, la ROG Xbox Ally X enflamme les débats à cause de son prix (pressenti élevé), du fabricant (Asus plutôt que Microsoft) et de sa classification : s’agit-il d’une console ou d’un PC ? Pour moi, l’interrogation est désormais toute autre… va-t-elle devenir ma machine de jeux principale ?

Attention, ceci n’est pas (vraiment) une Xbox

20h31. J’allume pour la première fois la ROG Xbox Ally X envoyée par Microsoft. Ça mouline avant que le message “just a moment” n’apparaisse à l’écran pendant 2 bonnes minutes. Comme quand on démarre un PC pour la toute première fois, il faut sélectionner la langue, le pays, le type de clavier, puis connecter la machine au WiFi. Si vous en doutiez encore, oui, la ROG Xbox Ally est un PC. Ce n’est pas nous qui le disons, mais Windows 11 lui-même qui demande de “garder le PC allumé” pendant la configuration initiale. La machine redémarre, le contrat de licence est signé, j’attribue alors un petit nom au système, ce qui déclenche la suite de l’initialisation. “Ne débranchez pas votre PC”, oui, d’accord ! 21h05, deuxième reboot, ça mouline. Les 5 dernières minutes servent à l’ajout d’un compte Microsoft et à la signature de la garantie Asus.

Résultat des courses ? 40 minutes passées à attendre que la configuration de base se fasse. Et une fois le bureau atteint, il y a les applications à mettre à jour ou encore le Store Microsoft à ouvrir pour que le compte soit bien identifié… nous sommes sur un ordinateur, on vous dit ! Même si certains joueurs diront que nos consoles de salon demandent elles aussi diverses updates lors du premier allumage, c’est sans commune mesure par rapport à ce que nous avons ici. Il n’y a rien d'étonnant pour quiconque possède déjà une Steam Deck, mais cette ROG Ally X étant estampillée Xbox, une marque qui sonne encore très “console”, je préfère insister sur ce qui vous attend. Au rayon des déceptions, il y a l'absence de chargeur dans nos cartons français. Avec un prix s'élevant à 900 euros, nous aurions apprécié tout avoir dans la boîte pour profiter pleinement de l'objet.

Jet Set Radio et Fez, histoire de bien commencer.

Une fois le paramétrage effectué, je me lance dans l’installation de tout un tas de jeux. Je commence doucement par les Half-Life, qui tournent bien évidemment sans aucun problème, avant d’enchaîner sur FEZ, titre au concept toujours aussi génial qui mérite d’être installé sur tous les supports où on peut le trouver. L’interface est fluide, il est aisé de passer d’un jeu à l’autre et les boutons sont de qualité. Je décide ensuite de lancer Forza Motorsport, et là… la piqûre de rappel est immédiate. “Nous sommes désolés, le jeu ne semble pas pouvoir être lancé sur votre ordinateur pour la raison suivante : processeur non pris en charge détecté (code : AP101)”. Aïe, ça commence ! Je veux jouer à Jet Set Radio : besoin de télécharger .net framework. Je tente alors de tester The Last of Us Part II Remastered, mais un message m’avertit qu’il vaudrait mieux que je mette mes pilotes à jour. Je m’exécute. La production de Sony fonctionne alors sans problème, mais j’ai toujours le message d’erreur pour Forza Motorsport… que je peux quand même lancer en ignorant l’avertissement.

Forza Motorsport montre ce que la ROG Xbox Ally X a dans le ventre.

Les jeux PlayStation, Xbox et PC les plus costauds dans le creux de la main

Sans surprise, la ROG Xbox Ally X est un PC, pensé pour le gaming nomade, ce qui sous-entend qu’il faut faire avec les aléas du jeu sur ce support. Ces machines, conçues par Valve, Lenovo ou Asus, ont toujours promis de la puissance au service d’un confort de jeu "équivalent à ce que l’on a sur consoles". Dans les faits, ces hardwares n’ont pas rencontré le succès des machines de salon ou des Game Boy/DS. Que ce soit à cause de leurs prix ou de leur concept même, ils sont encore considérés comme réservés à une niche de consommateurs. En s’imposant comme le hardware portable le plus performant de sa catégorie, la ROG Xbox Ally X livre des claques à la pelle. En chauffant moins qu’une Switch 2 et en étant presque aussi légère qu’une Steam Deck (715 g contre 640 g pour le bébé de Steam). Nous sommes face à des jeux qui, pour certains, donnent presque l'impression d'être sur Series X !

Doom The Dark Ages n'est pas moins impressionnant sur un écran 7 pouces.

Une fois que l’on a compris que l’on rencontrera inévitablement quelques désagréments du monde du PC, il ne reste que le plaisir. Celui des yeux, tout d’abord. La machine est bel et bien le monstre promis. Le processeur AMD Ryzen AI Z2 Extreme et la carte graphique AMD Radeon font des merveilles, même sur les jeux les plus gourmands du moment. À ce titre, DOOM : The Dark Ages est capable de mettre à genoux bien des configurations. Sur la ROG Xbox Ally X, il tourne en 40-60fps moyennant une perte de confort visuel, notamment en autorisant la résolution dynamique. Ceci étant dit, la prouesse est bien là.

Indiana Jones : la grande aventure tient bien dans la petite console.

Indiana Jones et le Cercle Ancien, autre jeu récent particulièrement demandeur au niveau du GPU, est lui aussi impressionnant pour un hardware mobile. Ce n’est pas aussi beau que sur Xbox Series X, certes, mais le soft s’en sort extrêmement bien. À l’instar de ce que l’on a sur Steam Deck, certains titres sont optimisés pour la machine (une petite flamme blanche apparaît alors sur la vignette). Les autres jeux auxquels j’ai joué, qu’il s’agisse de Forza Motorsport, Starfield, Forza Horizon 5, Gears 5, The Last of Us Part 2 Remastered, Ninja Gaiden 2 Black, Age of Mythology Retold, Killer Instinct, Diablo 4 ou encore Marvel's Spider-Man : Miles Morales affichent des résultats à peine croyables. L’écran 16:9 120hz n’est peut-être pas 4K (résolution max 1920x1080) ni OLED, il envoie malgré tout du lourd. Il est très lumineux, en plus d’être grand (7 pouces) et antireflet. Il faut le voir pour le croire.

Gears 5, Diablo 4 et Ninja Gaiden 2... on aime l'action par ici.

Après le plaisir des yeux, celui des oreilles. Les enceintes intégrées crachent un son étonnamment bon avec des basses bien perceptibles. Cerise sur le gâteau : le volume peut être poussé très haut. Ce n’est pas un subterfuge d’Asus pour tenter de masquer le bruit de la console. La ROG Xbox Ally X est silencieuse, même poussée à pleine puissance en mode “Turbo”. Les moteurs de vibrations sont eux aussi quasiment inaudibles. Seules les gâchettes LB et RB font un clic un peu bruyant, à l’image de ce que l’on a sur les manettes officielles des Xbox Series X|S. Pour information, Il y a bien une prise jack pour brancher un casque audio.

Le plaisir des mains, enfin. Le système conçu par Asus en partenariat avec Microsoft dispose de poignées qui font toute la différence lors des longues sessions de jeu. La prise en main est agréable, mieux pensée que n’importe quel autre système de la même famille. Les boutons sont de qualité et convenablement placés pour que l’on ne s’emmêle pas les pinceaux. Les touches “M1” et “M2” situées à l’arrière de l’engin ne sont pas des plus pratiques à atteindre en jeu, mais elles ont le mérite d’être parfaitement pensées pour déclencher des raccourcis (faire une capture d’écran, lancer l'enregistrement vidéo, fermer l’application, etc.).

Le meilleur des deux mondes ?

Dans les premiers paragraphes de ce papier, j’insistais sur le fait que les possesseurs de ROG Xbox Ally X devaient faire avec les petits soucis rencontrés dans le monde du PC. Oui, il y a des pilotes à mettre à jour. Oui, les chargements initiaux des softs peuvent être longs à cause de la compilation des shaders. Oui, parfois, il y a des bugs qui nécessitent un redémarrage. Pendant ma période avec le produit d’Asus, j’ai par exemple constaté qu’un moteur de vibration situé dans la poignée droite produisait un vilain son sortant des enceintes, quand il s’activait. Problème disparu lors d’un redémarrage. J’ai eu un écran bleu après un allumage nécessitant la génération d’une clé en passant par mon compte Microsoft... pas de chance.

Il faut aussi veiller à laisser quelques Go de libres sur le disque dur si on ne veut pas que les jeux plantent soudainement, tandis qu'une sortie de veille peut parfois engendrer des bugs. Nos consoles de jeux ont depuis longtemps perdu leur côté plug & play et ressemblent de plus en plus à des ordinateurs déguisés… mais là, c'est autre chose. Les joueurs habitués aux PC capables de dépenser 900 euros seront prêts à affronter ces divers désagréments, d’autant plus que la machine fait son possible pour faciliter la gestion des tâches ingrates via le centre de commande “Armoury Crate SE”. Le programme regroupe en effet toutes les choses essentielles (paramètres, librairie de jeux, maniabilité, mises à jour importantes, limitation de la charge à 80 %, etc.) et se révèle bien pensé. Ce qui est certain, c'est que pendant cette semaine de test, de nombreuses mises à jour sont tombées et elles ont amélioré pas mal de choses. Il n'empêche que quelques mois supplémentaires d'optimisation n'auraient pas été du luxe.

L’atout le plus mis en avant de la ROG Xbox Ally X depuis son annonce, c’est l’intégration du bouton Xbox près du stick gauche. Ça a fait rigoler tout le monde. “C’est une ROG Ally avec un bouton Xbox quoi”, entendait-on. Ce petit bouton fait pourtant une grosse différence et s’inscrit dans un schéma que Microsoft pourrait emprunter pour sa future console de jeux : il permet de faire apparaître la barre de jeux, un overlay donnant l’opportunité de switcher en un clin d'œil de Store ou d’accéder à des widgets personnalisés. Bien sûr, l’appli Xbox est ici centrale, mais on accède aux interfaces Steam ou Epic dans la seconde.

Les jeux PlayStation Steam... sur une machine Xbox !

Pour un joueur comme moi, qui joue sur les consoles de Microsoft depuis 2002 et qui est un abonné Game Pass de longue date, c’est le pied. Je retrouve immédiatement mes sauvegardes, le catalogue Game Pass auquel je suis habitué, ainsi que les jeux Xbox dans leur version PC grâce au Play Anywhere (un achat = les versions Xbox et PC incluses). J’ai ainsi pu jouer à Silent Hill f sans avoir besoin de le racheter, ce qui est très appréciable. Le fait de pouvoir passer d’un marché à un autre et d’accéder aussi bien à des vieux titres sur GOG qu’aux dernières sorties PlayStation sur Steam dans une interface ergonomique est juste génial. C’est la machine parfaite pour les abonnés au Game Pass, d'autant plus que le Game Pass PC, lui, vaut 15 euros par mois alors qu'il continue de proposer de grosses sorties en day one.

Silent Hill f est Play Anywhere. Si vous l'avez sur Xbox, vous l'avez sur cette Xbox Rog Ally.

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La touche “bibliothèque” donne accès à tous les jeux installés sur le hardware. C’est plutôt ergonomique même s’il manque quelques options basiques, comme le fait de pouvoir masquer des extensions. Tant que vous êtes connecté à vos comptes Microsoft, Epic ou Valve, vous pouvez lancer vos jeux comme s’ils avaient été achetés sur un seul et unique Store (ce qu’autorisait déjà le Armoury Crate SE). Les abonnés au Game Pass peuvent même lancer certains softs sur le Cloud, qu’ils soient présents ou non sur le Store Microsoft. Comme sur PC, oui, mais là il s’agit des bons côtés du PC !

J’ai évoqué les problèmes liés aux soucis de Windows 11 dans l’expérience générale, mais il y aussi des choses positives, comme les nombreuses options de personnalisation et surtout l’ouverture pour installer tout ce que l’on souhaite sur le disque dur SSD 1To. Dans le train, entre deux parties, vous pouvez lancer n’importe quel tableur ou n’importe quel programme de retouche de son, d’image, de vidéo. Ne rigolez pas, avec autant de puissance dans ses entrailles, la machine est bonne même dans les tâches complexes qui n’ont rien à voir avec le jeu vidéo.

La ROG Xbox Ally X dockée peut-elle remplacer votre console de salon ?

La ROG Xbox Ally X est donc une machine de jeux puissante, nomade, légère, qui chauffe peu et qui dispose d’une autonomie appréciable par rapport au matos embarqué (environ 2h00 à pleine puissance). Contrairement à ce que l'on a sur Switch où des jeux ne gèrent pas tout le temps l'écran tactile, la ROG accepte toujours que vous cliquiez avec vos doigts dans un inventaire ou dans des options.

Peut-on lui en demander plus et la transformer en une vraie console de salon ? Théoriquement, c’est tout à possible en passant par un dock. Nous avons mis la main sur le Charger Dock (65W) officiel d’Asus afin de vérifier ce que donne le hardware quand il est relié à une TV. Les branchements sont très simples et en moins de 5 minutes, le système se recharge alors qu’il envoie le signal vidéo vers l’HDMI du téléviseur, exactement comme une Switch. Il suffit de relier une manette en bluetooth pour profiter du jeu sur ROG Xbox Ally X directement sur votre écran. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a aucune latence perceptible. La mauvaise nouvelle, c’est que Windows 11 gâche l’expérience dans cette configuration.

En docké, difficile de voir une différence sur Killer Instinct par rapport à la version Series X.

Malgré toutes les mises à jour de l’appli Xbox durant notre test de la console, je constate des problèmes qui n’ont pas trop d’importances en mode nomade, mais qui gâchent tout en docké. Le défaut le plus embêtant, c’est le fait de perdre la main régulièrement sur l’interface, même en mode “big picture”. S’il suffit de cliquer sur l’écran pour retrouver le contrôle en portable, cela est plus compliqué quand la machine est dockée. Il faut alors activer l’overlay du centre de commande, sélectionner “Bureau” en mode de contrôle, cliquer avec le pointeur de la souris grâce au stick droit, et croiser les doigts pour qu’en repassant en “Manette de jeu”, on ait enfin le contrôle. En docké, je n’ai pas réussi à jouer à Doom The Dark Ages ni à Silent Hill f. Que je désactive ou non les contrôles intégrés, que je tente quoi que ce soit, la ROG Xbox Ally X ne m’offre tout simplement pas la possibilité de jouer à ces deux jeux avec ma manete bluetooth. Il y a donc des progrès à faire dans l'expérience utilisateur.

Jouer à TLOU 2 sur sa TV grâce à une machine Xbox, ça fait bizarre...

Ces désagréments font que nous ne sommes pas face à une expérience user friendly à la Switch 2, console jouable aussi bien en nomade qu'en docké sans aucun bug d’un mode de contrôle à un autre. Je pourrais être tenté de dire que Windows 11 est le point noir de l'expérience… Néanmoins, à la vue des jeux qui tournent d’une belle manière sans que cela fasse surchauffer l’engin, je me dis que l’OS sait comment gérer les ressources, ce qui est rassurant pour la suite. Je me répète, mais il est très impressionnant de voir Starfield, Indiana Jones ou encore Diablo 4 tourner aussi bien ! Bien sûr, quand on possède une TV 4K, le full HD est perceptible sur un grand écran, mais nous parlons d’une console portable, ne l’oublions pas. Gageons que de futures mises à jour amélioreront la navigation au pad afin de gommer les seuls défauts du système.

Forza Horizon 5 est impressionnant de fluidité sur ROG Xbox Ally X.

En conclusion

La ROG Xbox Ally X me fait la même impression que la PS Vita en son temps : les consoles portables existaient avant qu’elle débarque, mais elle a apporté une expérience tellement premium que j’avais l’impression pour la première fois d’avoir une véritable console de salon transportable. Sa puissance lui permet de nous donner l'impression d'avoir une des consoles sorties en 2020 dans le creux de la main. À aucun moment je ne m’étais imaginé qu’à l’issue de ce test, ce hardware d'Asus me ferait réévaluer mes attentes envers ce qu’est ou ce que doit être une machine de jeux en règle générale. PC, console, hybride, on se fiche bien de la définition quand l’expérience est aussi concluante.

Elle aurait pu s’appeler “Xbox Play Anywhere Portable”, mais cela aurait été trop réducteur. Capable de faire tourner de manière admirable les meilleurs jeux Xbox, Steam, PlayStation (sortis sur la plateforme de Valve), Epic Games Store ou encore GoG, la ROG Xbox Ally X nous fait dire que Microsoft est plus proche qu’on ne le pense de réussir son pari fou de façonner la machine hybride parfaite… qui pourrait envahir nos salons demain. S’il y a encore des progrès à faire au niveau de l’expérience utilisateur, notamment dans tout ce qui concerne les mises à jour et la gestion des menus à la manette, Xbox et Asus sont parvenus à atteindre un nouveau palier dans les plateformes – nomades – mi-console mi-PC.