Le célèbre créateur de Naughty Dog, à l’origine de certaines des sagas les plus marquantes du jeu vidéo moderne, a récemment confié quelle œuvre l’avait le plus ému et inspiré dans toute sa carrière. Un titre culte, discret et profondément poétique, dont une simple scène a suffi à changer sa vision du médium…
En septembre 2001, Ico, le tout premier jeu de Fumito Ueda, débarquait sur PlayStation 2. Un titre poétique et minimaliste, passé relativement inaperçu à sa sortie, mais qui a profondément marqué toute une génération de créateurs, dont Neil Druckmann, le co-créateur de The Last of Us. Dans une récente interview accordée à la BAFTA, le directeur de Naughty Dog est revenu sur le moment de jeu qui l’a le plus bouleversé.
Une scène inoubliable sur un pont
Mon moment préféré dans un jeu, celui qui m’a littéralement fait tomber la mâchoire, c’est dans Ico
Dans le jeu, le joueur incarne un jeune garçon qui guide Yorda, une mystérieuse jeune fille prisonnière d’un château. La mécanique principale repose sur le fait de lui tenir la main pour la mener à travers les dangers.

Mais tout bascule vers la fin. Sur un pont qui se désagrège, Yorda et Ico se retrouvent séparés. On saute vers elle, persuadé de tomber dans le vide... jusqu’à ce qu’elle nous rattrape. Elle, la figure fragile que l’on a protégée tout du long, devient à ce moment-là notre sauveuse. Pour Druckmann, cette inversion de rôle, d’une simplicité déchirante, a été un choc émotionnel et artistique :
J’ai ressenti un attachement que je n’avais jamais eu pour un personnage de jeu vidéo. Depuis, j’essaie de recréer ce sentiment dans chacun de mes jeux.
Ico, le chef-d’œuvre discret de Fumito Ueda
Développé par le Japan Studio et Team Ico, le titre posait déjà les bases de ce qui fera la renommée du studio : une narration muette, une direction artistique épurée et une émotion brute, portée par des environnements baignés de lumière et de solitude.

À sa sortie, nous écrivions dans notre test que Ico était « un titre inattendu qui risque hélas de passer inaperçu en dépit de son excellent contenu ». Nous lui avions attribué la note de 17/20, saluant son gameplay novateur, sa progression passionnante et une ambiance digne d’un chef-d’œuvre, tout en regrettant une aventure un peu courte.
Un héritage toujours vivant
Près de 25 ans après, Ico continue d’inspirer les plus grands noms de l’industrie. De Shadow of the Colossus à The Last of Us, son empreinte se fait encore sentir dans la façon dont les jeux racontent les relations humaines sans mots. Et si Ico n’a pas connu le succès commercial qu’il méritait, il reste, pour Neil Druckmann comme pour nous, un monument d’émotion et de poésie vidéoludique, un trésor que tout joueur sensible à la magie du médium devrait découvrir au moins une fois.