Dix ans après sa sortie, le souvenir de ce gigantesque revers reste gravé dans les mémoires d’Hollywood. Ce projet ambitieux, porté par un réalisateur alors au sommet de sa gloire, devait être un triomphe créatif et commercial. Il s’est pourtant transformé en désastre retentissant, mettant brutalement fin à une carrière prometteuse et coûtant une fortune à l’un des plus grands studios du monde.
Il y a dix ans, Disney vivait l’un de ses plus grands désastres financiers avec Tomorrowland : Le Monde de demain. Pensé comme une aventure de science-fiction spectaculaire et porteuse d’espoir, le film devait incarner le renouveau du cinéma original au sein du studio. Avec George Clooney en tête d’affiche, un budget pharaonique et Brad Bird à la réalisation, le génie derrière Les Indestructibles et Mission : Impossible – Protocole Fantôme, tout semblait réuni pour un triomphe. Mais le rêve a rapidement tourné au cauchemar.

Un lancement sous les meilleurs auspices
À sa sortie en mai 2015, Tomorrowland bénéficiait d’un lancement massif, calé sur le week-end du Memorial Day, une période habituellement favorable aux blockbusters. Les attentes étaient énormes : un film inspiré d’une zone emblématique des parcs Disney, un scénario coécrit par Damon Lindelof (Lost, The Leftovers), et la promesse d’un univers inédit, loin des adaptations et suites à la chaîne. Pourtant, la magie n’a pas pris. Malgré une première place en salle à sa sortie, le long-métrage n’a jamais trouvé son public. Aux États-Unis, il n’a récolté que 93 millions de dollars, et à peine 115 millions de plus à l’international, pour un total mondial de 208 millions. Une somme dérisoire face à un coût global estimé à 280 millions de dollars, marketing non-inclus.

Le verdict fut sans appel : environ 140 millions de pertes pour Disney, un gouffre qui a marqué les esprits. Le studio, pourtant maître dans l’art du divertissement familial, découvrait à quel point il était risqué de miser sur une œuvre originale dans un marché saturé de franchises et de super-héros. Dave Hollis, alors patron de la distribution, avait défendu le pari en soulignant l’importance de soutenir la créativité. Mais le public, lui, avait déjà fait son choix.
Brad Bird, de l’envol à la chute
Ce naufrage a laissé des traces profondes. Brad Bird, salué pour son talent visionnaire, a vu sa carrière en prises de vues réelles stoppée net. Dépité, il s’est réfugié dans l’animation, retrouvant Pixar pour Les Indestructibles 2 en 2018. Son projet ambitieux 1906, mêlant catastrophe et drame historique, est resté dans les limbes, tandis qu’il prépare aujourd’hui Ray Gunn pour Netflix, retour à ses premières amours animées.

Dix ans plus tard, Tomorrowland demeure une œuvre fascinante, pleine de bonnes intentions, de beauté visuelle et d’idéalisme sincère. Un échec retentissant, certes, mais aussi une injustice : celle d’un film qui rêvait d’un futur meilleur… avant d’être écrasé par le cynisme du box-office.