Même les plus grands peuvent trébucher. À une époque où il enchaînait les triomphes et où tout Hollywood semblait à ses pieds, Robert De Niro a accepté un projet qui, malgré ses promesses, s’est révélé bien différent de ce qu’il imaginait.
Dans une récente interview, Robert De Niro est revenu sur l’un des choix les plus discutables de sa carrière : sa participation au film 1900 (Novecento) de Bernardo Bertolucci. L’acteur, alors au sommet de sa gloire après Taxi Driver et Le Parrain II, admet aujourd’hui qu’il a accepté ce rôle un peu trop vite, séduit par l’idée de tourner avec un réalisateur européen qu’il admirait profondément.
Une erreur de jeunesse signée Bertolucci
En 1976, Robert De Niro est l’incarnation même du Nouvel Hollywood. Il a déjà marqué l’histoire du cinéma américain. Pourtant, lorsqu’on lui propose de jouer dans 1900, une fresque monumentale de plus de cinq heures signée Bernardo Bertolucci, il saute sur l’occasion. Le cinéaste venait de défrayer la chronique avec Le Dernier Tango à Paris, et De Niro espérait sans doute retrouver la même intensité artistique.

Mais dès le premier jour de tournage, le doute s’installe. Il confie au au New York Times :
Je me suis assis là, dans un autre pays, avec un réalisateur que j’aimais beaucoup, mais je me disais : "Où sommes-nous ?". Je savais que ça ne marcherait pas, mais je n’ai rien dit.
L’acteur, encore jeune, se laisse emporter par la confiance aveugle qu’il accorde à un grand réalisateur. Aujourd’hui, il reconnaît qu’il aurait dû écouter son instinct :
Si j’y avais réfléchi davantage, j’aurais demandé à tourner les scènes différemment. C’était une erreur.
Une fresque ambitieuse mais bancale
1900 racontait l’histoire de deux hommes nés le même jour, un fermier pauvre (Gérard Depardieu) et un riche héritier (Robert De Niro), dont les destins opposés se croisent au gré des bouleversements politiques du XXᵉ siècle italien. Sur le papier, le projet avait tout d’un chef-d’œuvre : un casting cinq étoiles (Donald Sutherland, Burt Lancaster), une mise en scène grandiose et une ambition politique rare.

Mais à l’écran, l’œuvre peine à convaincre. Sa durée colossale, plus de 317 minutes, rebute une grande partie du public, tandis que les critiques saluent autant sa démesure que sa confusion. Si certains admirent l’audace de Bertolucci, beaucoup reprochent au film sa lenteur et son manque de cohésion. 1900 devient ainsi un semi-échec commercial et critique (52% sur Rotten Tomatoes), malgré quelques défenseurs passionnés.
Avec le recul, De Niro voit dans cette expérience une leçon précieuse : même au sommet, il faut savoir dire non. “Je ne savais pas ce que je faisais”, admet-il. “Aujourd’hui, je sais quand parler, et quand un projet ne sent pas bon.” Un aveu rare de la part d’un acteur qui, depuis, a bâti l’une des carrières les plus respectées d’Hollywood.