Et si un réalisateur oscarisé, après avoir collaboré sur certains des plus grands succès du cinéma moderne, décidait de voler de ses propres ailes… pour mieux se brûler ? Ce film de science-fiction devait marquer la naissance d’un nouveau grand nom derrière la caméra. Il est finalement devenu l’un des plus beaux crashs d’Hollywood.
Même les plus grands cinéastes ont leurs faux pas… mais celui-ci n’est pas directement de Christopher Nolan. En 2014, son fidèle directeur de la photographie, Wally Pfister, s’est essayé à la réalisation avec Transcendence. Et malgré la présence du maître britannique en tant que producteur exécutif, le résultat n’a pas vraiment transcendé qui que ce soit.
Quand l’élève ne dépasse pas le maître
Wally Pfister n’était pas un inconnu au moment où Warner Bros lui confie Transcendence. Oscar du meilleur directeur de la photographie pour Inception, il était aussi l’œil derrière les images les plus iconiques de la trilogie The Dark Knight. Avec Nolan en mentor et un budget compris entre 100 et 150 millions de dollars, tous les voyants semblaient au vert pour un premier film de science-fiction ambitieux.

Le pitch avait tout pour séduire : un chercheur visionnaire (Johnny Depp) voit sa conscience téléchargée dans un ordinateur afin de poursuivre son projet d’intelligence artificielle après une attaque terroriste. Mais l’utopie vire vite au cauchemar lorsque la machine commence à échapper à tout contrôle. Le film questionne la frontière entre l’homme et la technologie, un thème cher à Nolan, mais sans en retrouver la profondeur ni la rigueur narrative.
Pfister, désireux d’affirmer son indépendance, déclarait à l’époque : « Chris m’a aidé à développer le film, mais c’était vraiment à moi de jouer. » Malheureusement, ce premier essai souffre d’un scénario confus, d’un rythme bancal et d’une mise en scène trop académique pour susciter l’émotion espérée.
Un échec cuisant… mais visionnaire ?
Malgré un casting impressionnant (Johnny Depp, Rebecca Hall, Cillian Murphy, Morgan Freeman) Transcendence n’a récolté qu’environ 100 millions de dollars dans le monde, bien loin de rentabiliser son budget colossal. Les critiques ont salué la beauté de l’image (évidemment) mais ont fustigé une histoire trop prétentieuse et une absence d’âme (19% sure Rotten tomatoes). Pfister, blessé par cet accueil glacial, n’a plus jamais tourné de film depuis, se consacrant à la télévision et à la publicité.

Ironie du sort : plus de dix ans après sa sortie, Transcendence résonne étrangement avec notre époque dominée par l’intelligence artificielle et le transhumanisme. Le film avait vu juste sur certaines dérives possibles, mais trop tôt, et sans le génie narratif d’un Christopher Nolan.