Un an après le lancement de Dragon Quest III HD-2D Remake, Square Enix continue sur sa lancée en sortant les remakes des deux premiers épisodes de la série au sein d’un seul et même titre, et pour cause : ces trois aventures fondatrices forment la trilogie de Roto. Mais alors que DQI et DQII sont réputés pour être moins bons que leur suite, l’éditeur japonais a fait des miracles pour les rendre plus captivants que jamais afin de former une formidable saga familiale comme Yuji Horii, créateur de la série, sait si bien le faire.
Pour ceux qui ne sont pas fans de Dragon Quest, il y avait de quoi être surpris de découvrir que Square Enix a préféré proposer un remake de Dragon Quest III avant ceux des deux premiers volets de la série. Mais pour les amateurs de l'oeuvre de Yuji Horii, cette décision faisait sens : les trois premiers jeux de la saga forment la trilogie de Roto (Erdrick ou Elric en fonction des versions) dont DQIII est le premier opus chronologiquement parlant. En "remakant" ces jeux des années 80, c'est donc l'occasion pour Yuji Horii, créateur légendaire de la franchise, de rendre cette trilogie plus cohérente, chose qui lui tenait visiblement à coeur.

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Ainsi, lorsque le remake de Dragon Quest III a été annoncé, les fans étaient enthousiastes. Tout d'abord car cet opus est considéré comme l'un des meilleurs de la série, mais aussi par sa modernité pour un jeu de 1988, ce qui ne le rendait pas si compliqué à remettre au goût du jour. En revanche, c'est surtout pour ses prédécesseurs que les amateurs se sont fait du souci. Il faut dire que le premier Dragon Quest propose une aventure où l'on joue uniquement un personnage, chose aujourd'hui impensable dans un jeu de rôle au tour par tour, tandis que Dragon Quest II était réputé pour sa difficulté légendaire à cause de problèmes d'équilibrage. Et pourtant, malgré le défi que représentent la modernisation de ces aventures datées, Square Enix a réussi à le relever haut la main pour offrir une grande saga familiale mémorable.
De la modernité, autant dans l'histoire que dans le gameplay
Parmi les deux jeux, Dragon Quest I est celui qui m'inquiétait le plus. Comment remettre au goût du jour un titre de 1986 où l'on incarne un seul personnage ? En modernisant la formule, tout simplement ! Première nouveauté, on n'affronte plus un seul monstre par combat, mais plusieurs. Pour faire face à cette menace inédite, notre héros a à sa disposition des sorts et compétences issus des jeux suivants, mais ce n'est pas tout. Tout au long de l'aventure, on récolte des parchemins qui confèrent de nouvelles capacités, ce qui pousse encore plus à l'exploration. Et puis, passé à un cap, on obtient des sceaux aux différents effets passifs pour booster nos compétences, ce qui change la donne en combat.
Résultat, les affrontements n'en deviennent plus que palpitants et loin d'être monotones. Plus que jamais, il faut compter sur les buffs et débuffs pour s'en sortir en solitaire. En plus de tous ces ajouts qui rendent les combats plus stratégiques, le titre brille par sa courte durée de vie, une quinzaine d'heures. Tout ça mis bout à bout, l'aventure de Dragon Quest I en ressort transformée à tel point qu'à ma grande surprise, cet épisode réinventé est peut-être mon préféré de la trilogie, c'est dire !
Après des Octopath Traveler que certains jugeaient trop ternes, les Dragon Quest Remake ont prouvé que la HD-2D fait des merveilles dans un univers plus chatoyant. Encore plus qu'avec le III, I & II proposent des graphismes colorés et chaleureux typiques de la franchise DQ avec des panoramas souvent mémorables. Ces aventures sont d'autant plus agréables à parcourir qu'elles sont accompagnées des sulbimes reprises orchestrales des musiques de Koichi Sugiyama, entre souffle épique et gaieté des villages. Pour autant, il faut reconnaître que certaines boucles sont parfois trop courtes, ce qui peut les rendre agaçantes à force de les écouter...



Côté Dragon Quest II, on incarne cette fois un groupe de personnages, des cousins descendant de la lignée de Roto, qui ont chacun un rôle bien précis (guerrier, mage, prêtre...). Comme dans l'original, le titre brille toujours par la grande liberté qu'il accorde très tôt dans l'aventure en nous donnant accès à un bateau dès les premières heures. Mais ce remake va encore plus loin dans sa générosité en étendant sa carte du monde explorable grâce à l'ajout des fonds sous-marins. Face à tous les choix et contenu disponibles, il y a parfois de quoi avoir le vertige ! Et si on retrouve aussi les parchemins et sceaux du jeu précédent, la principale nouveauté en termes de gameplay, c'est qu'on y joue un quatrième personnage inédit, à savoir la princesse de Cannock, également cousine de notre héros qui joue le rôle de support. De quoi bouleverser complètement l'équilibrage du jeu original réputé comme difficile.
D'ailleurs, les deux titres ont fait l'objet d'un rééquilibrage complet pour que leur difficulté relève plus du challenge que de la frustration. Cela se ressent surtout devant les boss, toujours aussi retors et que l'on arrive à vaincre sur le fil avec une équipe au bord de la mort. Et encore, c'est souvent après plusieurs tentatives nécessaires pour assimiler les patterns ! Mais en réalité, tout cela devient plus stimulant qu'agaçant grâce à l'ajout d'options modernes et de confort de vie qui changent la donne.
Quand la trilogie Roto se transforme en une véritable saga familiale
En plus des spécificités propres à chaque jeu, ils profitent aussi d'améliorations communes. En premier lieu, c'est surtout leur narration qui a été modernisée. Cela passe par une mise en scène plus poussée, comme l'ajout d'un doublage, d'expressions pour le héros principal et d'interactions entre les personnages de DQII, mais aussi par l'introduction de moments inédits. On pense par exemple aux séquences avec les gardes de la princesse dans DQI, aux passages avec les sirènes de DQII, mais surtout, à l'importance accordée aux fées qui font la passerelle entre les trois jeux. Dans ce sens, l'histoire de ces deux titres a fait l'objet d'une profonde refonte pour harmoniser les trois volets de la trilogie. Et cela va même plus loin que le fait de retrouver des villages, objets et personnages d'un opus à l'autre.
En insistant sur la lignée de Roto, Dragon Quest I & II HD-2D Remake réussit à nous faire sentir plus que jamais que la trilogie forme une véritable saga familiale qui s'étend sur des générations de héros qui ont tous le même but : combattre le mal. Grâce à ces remakes, Yuji Horii montre une nouvelle fois à quel point la famille est un thème central dans son oeuvre, chose que l'on pouvait déjà sentir dans Dragon Quest V ou Dragon Quest XI par exemple. Et ça, il réussit à le faire à travers trois jeux à l'approche différente : en équipe customisable (DQIII), en solo (DQI) et en équipe imposée (DQII). Mais à cause de cette plus grande cohérence, on se retrouve aussi à revivre les mêmes situatons et à faire de nombreux allers-retours dans chaque jeu, surtout dans le second épisode. Manette en main, cela créé parfois un sentiment de répétivité quand on enchaîne les deux, voire les trois jeux, même si cela est logique d'un point de vue narratif.



Au-delà de l'histoire globale qu'ils forment plus que jamais, Dragon Quest I & II HD-2D Remake profitent tous les deux des mêmes ajouts de confort de jeu. En plus des options déjà présentes dans DQIII HD-2D Remake, de nouvelles ont été introduites et elles rendent l'expérience encore plus fluide. On pense aux raccourcis qui permettent d'éviter les allers-retours dans les menus ou la mise en lumière des vulnérabilités des ennemis qui confèrent un aspect plus pratique à l'aventure sans pour autant la faciliter.
Et pour cause : après des critiques jugeant DQXI beaucoup trop faciles, ces remakes proposent des options d'accessibilité qui peuvent autant être activées pour les nouveaux joueurs que désactiver pour les vétérans qui veulent une expérience plus proche de l'original. Tout le monde est gagnant ! Mention spéciale pour la difficulté facile qui permet enfin de choisir ou non de profiter de l'invulnérabilité, chose qui cassait trop l'aventure dans DQIII HD-2D Remake. Pourtant, malgré tous ces ajouts rendant l'expérience plus agréable, il faut reconnaître que certains donjons restent parfois trop longs, voire fastidieux, à cause de leur aspect daté et qu'on aurait pas dit non à couper un ou deux étages pour arriver plus vite au boss.
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Conclusion
Points forts
- Une narration plus poussée et modernisée pour former une trilogie familiale épique plus cohérente
- Des aventures plus fluides aux combats plus stratégiques grâce à un rééquilibagre complet
- La liberté de Dragon Quest II encore plus généreuse par l'ajout des fonds marins
- Des options de confort inédites encore plus pratiques (les raccourcis !)
- Un rendu HD-2D réussi pour des graphismes colorés et chaleureux
- Les compositions de Koichi Sugiyama, toujours aussi sublimes
Points faibles
- Un sentiment de répétition à force d'allers-retours et de redites d'un jeu à l'autre de la trilogie
- Des donjons parfois fastidieux, malgré les options d'acccessibilité
- Certaines musiques trop répétitives qui finissent par agacer
Note de la rédaction
Avec Dragon Quest I & II HD-2D Remake, Square Enix ne s’est pas contenté d’appliquer simplement la formule de Dragon Quest III HD-2D Remake. Au contraire, l'éditeur japonais est allé encore plus loin. Grâce à une narration plus poussée et modernisée, ces trois jeux fondateurs qui forment la trilogie de Roto deviennent une véritable saga familiale épique qui s'étend sur plusieurs générations. À côté, le gameplay n'est pas en reste en bénéficiant de capacités issues de jeux suivants, de l'ingénieux système de parchemin et surtout d'options de confort de vie qui rendent l'expérience bien plus confortable. Il en résulte des aventures captivantes dont on a dû mal à décrocher par leur simplicité, leur efficacité, mais aussi leur tendresse qui sont définitivement les symboles de Dragon Quest.