Christopher Lee : le Dracula au service des emplois, entre chantage et dévotion professionnelle

Titre original : Cet acteur culte ne voulait plus incarner son personnage : il a accepté le chantage qu’on lui faisait… pour que les gens conservent leur travail !

Certain rôle peut marquer une carrière à jamais… mais aussi devenir un fardeau. Derrière ce personnage incontournable du cinéma, un acteur culte a longtemps tenté de se défaire de son personnage emblématique. Pourtant, malgré la lassitude et les tensions avec le studio, il a accepté de revenir, non par passion, mais pour protéger ceux qui dépendaient de ces productions….

Cet acteur iconique n’a pas réussi à se défaire de ce rôle… aux dents longues !

Dans l’histoire du cinéma britannique, peu de rôles ont marqué autant que celui du comte Dracula incarné par Christopher Lee. L’acteur, passé maître dans l’art d’incarner de sombres figures charismatiques — on pense, par exemple, au comte Doku, illustre Sith de Star Wars, ou à Saroumane dans Le Seigneur des Anneaux —, doit pourtant une grande partie de sa notoriété à un personnage qu’il aurait préféré laisser au repos. C’est en 1958 que la Hammer Productions relance les monstres classiques du cinéma, offrant à Christopher Lee le rôle du Comte assoiffé de sang après l’avoir d’abord choisi pour incarner la créature de Frankenstein.

Cet acteur culte ne voulait plus incarner son personnage : il a accepté le chantage qu’on lui faisait… pour que les gens conservent leur travail !

Ce nouveau Dracula, à la fois séduisant et terrifiant, rencontre un immense succès et consacre la carrière de l’acteur tout en propulsant le studio britannique vers une reconnaissance internationale. Mais derrière les crocs et la cape, le tournage avait un goût amer. Christopher Lee, malgré son professionnalisme, s’est très vite lassé de ce rôle qu’il jugeait limité et mal écrit. Dans certaines suites, l’acteur se retrouve même sans la moindre ligne de dialogue, un choix attribué — selon la rumeur — à son refus de prononcer des répliques qu’il trouvait indignes. L’acteur, perfectionniste et respectueux du travail bien fait, aurait préféré tourner la page. Pourtant, à chaque fois, il revenait hanter les plateaux de la Hammer.


Christopher Lee n’a pas abandonné son rôle de Dracula pour préserver des emplois

Si Christopher Lee a continué d’enfiler la cape du Comte aux canines effilées et aiguisées, ce n’était ni par goût ni par opportunisme. L’acteur lui-même parlait de « chantage pur et dur ». Jimmy Carreras, président de la Hammer, l’appelait pour lui annoncer que les droits internationaux du film avaient déjà été vendus… en pariant sur sa présence. Une manœuvre qui plaçait Christopher Lee dans une position délicate : refuser aurait mis en péril la production et, surtout, le travail de dizaines de techniciens et d’artisans dépendant de ces films pour vivre. Pris entre son intégrité artistique et sa conscience professionnelle, il choisit la seconde.

Cet acteur culte ne voulait plus incarner son personnage : il a accepté le chantage qu’on lui faisait… pour que les gens conservent leur travail !

Christopher Lee a ainsi repris le rôle à plusieurs reprises, parfois avec résignation, mais toujours avec ce même souci de ne pas pénaliser ceux qui travaillaient dans l’ombre. Ce dévouement en dit long sur l’homme derrière le monstre. Bien plus tard, sur d’autres tournages — ceux du Seigneur des Anneaux ou de Star Wars —, Christopher Lee restait ce professionnel respecté pour sa rigueur et son expérience. L’acteur, qui confia un jour à Peter Jackson savoir « quel son produit une lame entrant dans le dos », n’a jamais cessé de cultiver cette aura de maîtrise et de mystère. Ironie du sort : c’est ce rôle qu’il a tant voulu fuir qui a, au final, assuré son immortalité à l’écran.