Sur le tournage d’un projet pourtant prestigieux, ce comédien apparu dans de grandes sagas a vécu l’enfer. Des décennies plus tard, il brise le silence et évoque un réalisateur aussi brillant que détestable. Manipulation, climat de peur, accusations troublantes liées à la Seconde Guerre mondiale… Derrière les chefs-d’œuvre d’un maître du cinéma, se cacherait un homme au passé plus sombre qu’il n’y paraît.
“C’était un nazi” : Stellan Skarsgård garde un souvenir amer d’Ingmar Bergman
L’acteur suédois Stellan Skarsgård, connu du grand public pour ses rôles dans Dune, Mamma Mia ! ou encore les films Marvel, a récemment évoqué un tournage qui lui a laissé un goût amer. Dans un entretien accordé à Variety (relayé par Filmstarts), le comédien est revenu sur sa collaboration en 1983 avec le légendaire Ingmar Bergman. Le projet en question, L’École des femmes – une adaptation télévisée de la pièce de Molière du même nom – devait marquer la rencontre entre deux figures majeures du cinéma suédois. Mais l’expérience, selon Skarsgård, fut tout sauf harmonieuse.
L’acteur ne cache pas son ressentiment à l’égard du cinéaste, qu’il décrit comme un homme « pas très agréable ». Il va plus loin, le qualifiant sans détour de « connard ». « C’était un bon réalisateur, mais on peut tout de même le qualifier de connard. Le Caravage était probablement aussi un connard, mais il peignait de magnifiques tableaux », déclare-t-il. D’après lui, Ingmar Bergman avait une « vision très étrange des autres » et faisait preuve d’un comportement manipulateur sur les tournages. Des propos qui résonnent avec la réputation déjà bien connue du réalisateur, célèbre pour son exigence extrême, son tempérament colérique et sa manière de diriger parfois autoritaire.
“La seule personne que je connaisse à avoir pleuré la mort d’Hitler”
Dans cette même interview, Stellan Skarsgård va jusqu’à évoquer les sympathies nazies qu’aurait eues Ingmar Bergman dans sa jeunesse. « Il était nazi pendant la guerre et la seule personne que je connaisse à avoir pleuré la mort d’Hitler », affirme-t-il. Une déclaration choc, qui relance un sujet longtemps évoqué dans la biographie du cinéaste. Les faits établis confirment qu’Ingmar Bergman, né en 1918, avait assisté adolescent à un rassemblement nazi en 1934, au cours duquel il avait aperçu Adolf Hitler.
Dans plusieurs entretiens, notamment avec Der Spiegel, Ingmar Bergman avait reconnu avoir été brièvement fasciné par le « charisme incroyable » du dictateur, avant de qualifier plus tard cet épisode de « péché de jeunesse ». Aucune preuve, toutefois, ne vient appuyer l’affirmation de Stellan Skarsgård selon laquelle Bergman aurait conservé ces convictions jusqu’à la fin de la guerre. Décédé en 2007, Ingmar Bergman reste une figure incontournable du cinéma mondial, mais aussi un personnage complexe, connu pour ses zones d’ombre. Pour Stellan Skarsgård, cette collaboration restera un souvenir douloureux : un moment de cinéma marqué par la tension et un réalisateur qu’il décrit, encore aujourd’hui, comme un « homme difficile ».