La guerre des consoles est terminée, d’après les dirigeants de l’un des acteurs majeurs de l’industrie. Les jeux et les services sont partout, et cette nouvelle dynamique ne permet plus de miser sur le duo consoles-exclusivités pour rester pleinement attractif. Sauf que… c’est surtout vrai pour cet acteur en question.
Xbox : une réorientation nécessaire
Souvenez-vous, c’était il y a plus de 10 ans de cela. Don Mattrick monte sur scène et dévoile la Xbox One. Une puissante console de jeu, comparable à la PlayStation 4 mais intégrant de nombreux services. Telle qu’elle a été présentée, la console de Microsoft était pensée comme un hub à partir duquel on joue, on visionne du contenu ou on écoute de la musique. Sauf que nous étions en 2013 et que le public n’était absolument pas prêt pour ça. Cette utilisation des consoles n’apparaîtra que quelques années plus tard et sera entérinée par les Xbox Series et les PS5. Par-dessus le marché, la console dépend fatalement d’une connexion permanente à Internet et prêter un jeu devient plus compliqué que jamais.
Une balle offerte à Sony, qui ne se privera pas de tirer quelques heures plus tard lors de sa propre conférence. On peut le dire après coup : c’est là que Xbox a perdu la bataille, après une génération 360 qui avait placé Xbox en principal (et unique à ce moment-là) rival de Sony. L’entreprise, et notamment Phil Spencer, avait reconnu que c’était la génération à ne pas perdre. Alors, Xbox a réorienté sa stratégie en commençant par mettre le paquet sur son Game Pass. Au cœur de tout, il a conduit Microsoft à développer la ROG Ally X et à dire à qui veut l’entendre que Xbox sera partout. Partout à travers son application et son cloud gaming, partout en sortant ses jeux sur d’autres supports. Entre le carton de Forza Horizon 5 sur PS5 et l’annonce du remake de Halo, qui sortira aussi sur la console de Sony, on mesure concrètement ces changements.

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Une concurrence d'une autre nature
Reste que Xbox est à la peine au niveau des ventes de consoles et que la réorientation stratégique de Microsoft vers l’IA semble avoir de lourdes conséquences sur la division Gaming pilotée par Sarah Bond. Le président des contenus et studios Xbox, Matt Booty, a résumé sans détour cette idée de mort de la guerre des consoles lors d’un entretien :
Notre plus grande concurrence n’est pas une autre console. Nous devons de plus en plus rivaliser avec tout ce qui va de TikTok aux films.
Une position que Nintendo a également mise en avant, indiquant que ses concurrents n’étaient pas tant Microsoft et Sony que les services de SVOD et les réseaux sociaux mettant en avant le format vidéo. Aujourd’hui, la plateforme cherche avant tout à "aller là où sont les joueurs", quel que soit l’appareil utilisé. Le message est clair : peu importe que le joueur possède une Xbox ou une autre machine, ce qui compte, c’est qu’il passe du temps dans l’univers Xbox d’une façon ou d’une autre, et cela passe par le fait d’occuper largement le terrain.
En conséquence, les titres auparavant exclusifs à la console Xbox commencent à apparaître sur d’autres plateformes, l’enjeu n’étant plus de verrouiller l’accès derrière une base matérielle, mais d’amplifier la portée et surtout l’engagement à long terme. Ce qu’il faut comprendre derrière tout ça, c’est que le temps libre est la clé. La multiplication des applications et services capables de capter l’attention concurrence directement le temps de jeu. Reste à savoir comment Microsoft, à travers Xbox, va faire usage de son statut de premier éditeur mondial pour transformer sa stratégie en pratique commune.