Hyrule reprend les armes, dans un contexte bien connu des joueurs de Zelda : Tears of the Kingdom. Les Chroniques du Sceau promet de dépeindre la Guerre du Sceau, la guerre qui mène au sommeil de Ganondorf en-dessous du château d’Hyrule. Un jeu d’action à grande échelle exclusif à la Nintendo Switch 2, jouable en co-op. Rend-il honneur aux jeux Zelda de la Switch 1 ?
Sommaire
- Chroniques du Sceau : Une histoire canon mais une trame trouée
- Où se place les Chroniques du Sceau ?
- Du trailer 2019 à TotK : deux points de vue sur le même basculement
- Une promesse tenue… mais de façon minimale
- Une boucle de gameplay simple et super efficace
- Des combats répétitifs mais addifctifs
- Faiblesses élémentaires et artéfacts soneaus : accélérateurs de tempo
- Actions synchronisées : le duo qui change tout, en solo comme en coop
- Une technique améliorée, une immersion efficace
Chroniques du Sceau : Une histoire canon mais une trame trouée
Où se place les Chroniques du Sceau ?
On retrouve une question récurrente à chaque nouveau Zelda : dans quelle chronologie l’épisode s’inscrit-il ? Cette rengaine a fini par lasser Nintendo, au point d’isoler Breath of the Wild puis Tears of the Kingdom dans une temporalité à part, pour couper court aux débats.
En 2020, Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau avait d’ailleurs suscité des critiques pour sa gestion de l'histoire. Les Chroniques du Sceau, lui, ne laisse pas de place au doute : il appartient à la lignée BotW/TotK et fait office de préquelle officielle à Tears of the Kingdom par ce qu’il raconte. Particularité intéressante : le jeu se déroule à la fois avant et pendant TotK, en écho direct aux événements que les joueurs ont déjà vécus.

Du trailer 2019 à TotK : deux points de vue sur le même basculement
Tout part de ce que Nintendo montre à l’E3 2019 : Link et Zelda dans les souterrains, face à une momie qui n’en est pas vraiment une. Quatre ans plus tard, en 2023, Tears of the Kingdom explique enfin la scène : le réveil de Ganondorf blesse gravement Link (qui y perd son bras) et Zelda chute si bas qu’elle traverse le temps, jusqu’à des millénaires en arrière.
À partir de ce réveil, il y a deux points de vue. Celui de Link, tel qu’on le joue dans TotK. Et celui de Zelda, que Les Chroniques du Sceau met en scène : projetée à l’époque des Soneaus, elle rencontre Rauru et Sonia, fondateurs d’Hyrule, et leur demande de l’aide pour revenir à son époque. La menace Ganondorf, pourtant lointaine dans le temps, plane déjà sur le royaume : le jeu promet d’éclairer tout ce qui entoure l’emprisonnement du Roi Démon, connu des fans.

Une promesse tenue… mais de façon minimale
Sur le plan du lore, il faut toutefois tempérer l’attente. La promesse affichée, celle d'en dire plus sur tout ce qui entoure l’emprisonnement de Ganondorf, est tenue mais parcimonieuse. L’arc principal est cousu de fil blanc, il suit seulement les batailles menées par le royaume et n’ouvre que rarement des tiroirs inédits. On ne vient pas ici chercher un codex ; on vient revivre un moment et l’éclairer par l’action. La fin fait toutefois un joli pas de côté : elle touche, referme la boucle sans grandiloquence et laisse une vraie image en tête. Mais l’ensemble pêche autant par la rareté des informations nouvelles que par la manière de raconter l’univers, très orientée chronique militaire.
Au final, l’histoire situe clairement l’épisode, relie les événements connus et n’entre pas en contradiction. Elle intrigue par son cadre et par son ancrage dans la timeline, mais c’est surtout le gameplay qui accroche durablement : la boucle d’objectifs, les duels lisibles, les systèmes qui rythment les combats. On y vient pour comprendre d’où l’on part et pourquoi l’on se bat ; on y reste parce que jouer y est plaisant même si le récit se contente, le plus souvent, d’accompagner la marche d’Hyrule plutôt que de la réinventer.

Une boucle de gameplay simple et super efficace
Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau reste dans la lignée des précédents. C'est un crossover entre les jeux Zelda et les jeux Dynasty Warriors, dont les derniers sont connus pour simuler des batailles à grande échelle, à 1 vs 100. On choisit plusieurs personnages, on débarque sur une grande carte de bataille, on libère des zones saturées d’ennemis par centaines.

Chaque réussite rapporte de l’expérience et des ressources que l’on dépense directement sur la carte du monde : des missions secondaires débloquent de nouvelles actions, des aptitudes, d’autres objectifs… qui redonnent envie de repartir en bataille pour récolter ce qui manque. La boucle est limpide et addictive : les missions d’histoire, plus longues, donnent l’élan ; les annexes, souvent 5 minutes chrono, remplissent les poches entre deux gros morceaux.
De temps en temps, des séquences de tir surprennent agréablement. Elles sont rares mais toujours satisfaisantes, au point qu’on en voudrait davantage. Très vite, on glisse dans le classique “allez, une dernière” qui en appelle quinze, parce que tout s’enchaîne sans friction, que l’impact visuel est constant et que les objectifs sont lisibles.

La nouveauté qui rafraîchit la formule, ce sont les “murmures” : des objectifs personnels propres à chaque personnage. Les remplir octroie des ressources supplémentaires, parfois exclusives, et surtout incite à varier les héros au combat, ce qui évite la lassitude et révèle des styles bien distincts.

Le rythme repose sur l’alternance entre missions soutenues et sprints annexes, sur la gestion des ressources pour débloquer juste ce qu’il faut avant de replonger. C’est pensé pour fonctionner avec un public large : pas besoin de maîtriser un jargon d’action, l’écran explique et récompense la bonne décision au bon moment. Résultat : on comprend vite, on progresse sans s’en rendre compte, et on reste parce que la prochaine amélioration est toujours à une mission de distance.


Des combats répétitifs mais addifctifs
Le sel de Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau réside dans ces duels répétés au milieu des foules. On progresse selon un schéma simple : rejoindre un point A, éliminer les monstres et le commandant local pour débloquer le point B… puis recommencer. Posé ainsi, l’enchaînement pourrait paraître rébarbatif, d’autant que le bestiaire est extrêmement limité : les types de boss se comptent sur les doigts d’une main et reviennent sous des variantes élémentaires. Pourtant, l’adhésion est réelle. La lisibilité des objectifs, la densité des vagues et le rythme des cartes rendent la répétition remarquablement addictive. Le cœur des batailles repose en réalité sur les unités élites : ces adversaires plus résistants utilisent des attaques chargées, clairement télégraphiées, qui ouvrent des fenêtres de réponse précises. On n’avance donc pas en bourrinant ; on observe, on attend le bon signal, on répond.
C'est le signal qu'il faut attendre pour le contrer avec une attaque bien placée !

Ces signaux s’articulent avec les techniques propres à chaque personnage, pensées pour contrer au bon timing. Le jeu impose un tempo supplémentaire : les trois capacités d’un héros partagent le même temps de recharge. Ce verrou empêche le spam, oblige à planifier et à alterner les rôles. Toute l’idée des combats consiste alors à passer d’un personnage à l’autre pour grignoter la jauge de protection adverse. Une fois cette jauge brisée, le point faible s’expose et l’on inflige de gros dégâts, jusqu’à l’issue du duel. Les ennemis de base restent très nombreux, mais le système déplace l’attention vers ces cibles “fortes” aux faiblesses précises, qui structurent la bataille et donnent le rythme d’une action plus lue que forcée.
Faiblesses élémentaires et artéfacts soneaus : accélérateurs de tempo
Le jeu remet au premier plan les faiblesses élémentaires classiques et les relie à l’une de ses nouveautés majeures : les artéfacts soneaus. On en débloque plusieurs au fil de l’aventure et ils se révèlent vite indispensables : ces outils rendent vulnérables les ennemis plus rapidement et s’insèrent naturellement dans les enchaînements. Leur intégration ne casse jamais le flux ; au contraire, elle sert à booster le rythme pour ouvrir plus vite la fameuse brisure de garde. Dans la pratique, ces artéfacts autorisent de véritables trouvailles de mise en scène et de synchronisation — des enchaînements qui donnent la sensation de faire des trucs vraiment cool tout en restant lisibles pour quiconque suit l’action d’un œil attentif.

On y reviendra plus tard, mais l'intégration de ces artéfacts soneaus (mais aussi le pouvoir Amalgame, qui permet d'utiliser des matériaux de monstres pour attaquer) renforcent l'immersion proposée par les Chroniques du Sceau : on est vraiment dans l'univers de Tears of the Kingdom.
Actions synchronisées : le duo qui change tout, en solo comme en coop
Des combats contre les boss qui sont rendus jouissifs grâce à la mécanique d'action synchronisée. Deux alliés côte à côte remplissent vont remplir une jauge qui leur est propre. Celle-ci se charge lorsqu'ils combattent à côté mais surtout quand ils s'entraident pendant le combat. Une fois pleine, ils déclenchent une attaque tandem dévastatrice qui étourdit l’ennemi. Le rendu est spectaculaire et surtout varié : l’animation et l’effet changent selon le partenaire, avec au passage des combinaisons spéciales à découvrir. Comme les défis de murmures incitent à alterner les héros, ces attaques duo encouragent à varier les duos — un cercle vertueux qui pousse à jouer encore une manche pour tester la prochaine association.

Une mécanique d'action synchronisée qui brille encore plus en coopération locale. Chaque joueur contrôle son personnage, on annonce son timing, on calle la synchro au bon moment et l’on enchaîne derrière la stupeur infligée. L’expérience gagne en lisibilité partagée et en plaisir de coordination, sans complexifier les commandes. Le système montre aussi une qualité importante : aucun personnage ne se confond avec un autre. Tous possèdent des identités de jeu distinctes et restent plaisants à faire progresser. Une fois les subtilités assimilées (lecture des attaques adverses, gestion commune des temps de chargement, placement des artéfacts) les affrontements prennent des airs de spectacles chorégraphiés plus que de simples moulinets. La boucle A→B demeure, le bestiaire reste resserré, mais la mise en scène des duels et la dynamique des duos entretiennent l’envie de relancer.

Une technique améliorée, une immersion efficace
Sur Switch 2, en mode docké, nos 35 heures de jeu ont été stables. Les cinématiques font en revanche pâle figure face au rendu en jeu. En coop local, la cadence est plus remuante mais jouable, et le cap à 30 images par seconde limite les à-coups. En portable, des ralentissements apparaissent dès que l’écran se peuple vraiment ; rien d’injouable, mais perceptible. Côté caméra, la vieille faiblesse de l'Ère du Fléau persiste : angles mal placés en bord d’arène, suivi parfois à la traîne dès qu’on pousse les murs. Ça n’abîme pas l’expérience, mais on compose.
La direction artistique coche les cases Zelda sans forcer la rupture : îles célestes, profondeurs, silhouettes et teintes familières : la cohérence est immédiate. À l’oreille, c’est la patte réorchestrée (on reconnaît des thèmes piafs et zoras) qui porte les batailles ; le doublage français est soigné, surtout sur la campagne principale. Dommage qu'il ne s'illustre pas plus, la faute à l'absence de contenus scénarisés annexes qui aurait donné une épaisseur bienvenu au lore.

Précommander Hyrule Warriors : Chroniques du Sceau sur Nintendo Switch 2
Conclusion
Points forts
- Divertissant du début à la fin
- Une boucle de gameplay addictive
- C'est l'univers de Zelda
- Un régal en coop
- Sans scories techniques
- La VF et la bande-originale
- Tous les personnages sont agréables à jouer
Points faibles
- Bestiaire limité
- Peu de narration annexe
- La caméra toujours capricieuse
- Manque de profondeurs dans les 1 vs 1
Note de la rédaction
Les Chroniques du Sceau ne réinvente pas la légende, il la muscle façon batailles lisibles. Le récit est sobre, les révélations rares, mais la boucle de jeu est prenante : les murmures poussent à varier, les artéfacts soneaus huilent le rythme, les duos synchronisés donnent du panache et la coop déploie tout ça à deux. C’est une porte d’entrée simple vers l’action orientée. Les plus exigeants peuvent trouver leur bonheur grâce à une boucle addictive mais regretteront probablement le manque de profondeur dans les combats notamment dans les 1 contre 1. Les Chroniques du Sceau transpire le Zelda, même sans Nintendo au développement et au final et reste divertissant du début à la fin. De quoi faire de l'exclusivité Nintendo Switch 2 un indispensable de la console.