Après The Finals, le studio Embark revient avec un nouveau jeu de tir : ARC Raiders. Il s’agit cette fois d’un extraction shooter, plus accessible que la moyenne, où il faut survivre face à des robots et d’autres joueurs. Et comme on va le voir, les anciens de DICE ont encore fait fort… Voici notre avis.
On va pas se le cacher, l’extraction shooter, c’est pas le genre le plus abordable du monde. Même moi, c’est pas forcément mon truc (flemme de perdre tout mon loot après qu’un joueur m’ait trahi). Et pourtant, ARC Raiders, le dernier titre du studio Embark (The Finals), m’a complètement fait tomber dedans. C’est une super proposition qui vise juste à peu près partout, et qui a de sérieux arguments pour s’imposer sur le long terme. Je vais vous expliquer tout ça. ARC Raiders est dispo depuis le 30 octobre dernier sur PC, PS5 et Xbox Series X|S pour une quarantaine d’euros. On y a joué sur PC.
L’extraction pour les nuls
Comme n’importe quel extraction shooter, le contrat du jeu d’Embark est simple (sur le papier) : tu vas sur le terrain pour récupérer un maximum d’objets et si tu meurs avant de t’échapper, tu perds tout. Mais à ce stade, il y a déjà une première nuance. ARC Raiders propose un système de “Poche Sécurisée” qui, comme son nom l’indique, permet de sauver 1 voire 2 items de l’au-delà.
Une feature qui rejoint une philosophie plus globale, celle d’un extraction shooter plus “amical” que la moyenne. En marge de la Poche Sécurisée, il y a aussi la possibilité de lancer une partie avec un “Arsenal Gratuit”, ce qui vous envoie sur le terrain avec un équipement de base aléatoire (super pratique quand on ne veut pas mettre son build en péril ou qu’on veut se remettre en selle après une défaite). Il y a également un coq - il s’appelle même Coquillard - qui vous attend à chaque retour de mission avec des items de première nécessité, que vous reveniez gagnant ou perdant.

Plus globalement encore, dans son ergonomie, ARC Raiders dégage une certaine simplicité et une certaine évidence, que ce soit dans la construction de ses menus ou dans ses familles d’objets. Le menuing reste malgré tout un peu laborieux. On s’emmêle facilement les pinceaux entre les fenêtres de l’Inventaire, de l’Atelier et des différents marchands. Malgré tout, le jeu fait tout pour nous faciliter la vie (sans toutefois compromettre l’exigence bien connue du genre, on y reviendra). Même le wipe - la réinitialisation de votre progression -, quelque chose d’important dans les extraction shooter, est ici doux comme un agneau : c’est quelque chose de tout à fait optionnel.
Notez enfin que, en marge de tout ce qu’on vient d’évoquer, ARC Raiders mise sur un système d’XP et d’arbre de compétences, une façon de créer une montée en puissance constante et permanente, en marge des aléas liés au loot. Vous gagnez ainsi de l’expérience après chaque partie - même en cas d’échec -, sur la base de critères comme le nombre de caches que vous avez fouillé, des dégâts infligés ou encore du temps passé à la surface (les parties durent maximum 30 minutes). Dans l’ensemble, l’arbre de compétences propose des améliorations assez “secondaires”, qui ne changeront pas radicalement votre manière de jouer, mais qui peuvent représenter un atout non négligeable une fois mis bout à bout.
Vous vous inquiétez de l’équilibre des parties après avoir lu “arbre de compétences” et “wipe optionnel” ? Rassurez-vous, de ce qu’on a vu, le matchmaking d’ARC Raiders tient parfaitement la route. Les combats PvP nous ont toujours paru équilibrés, et c’est souvent l’effet de surprise à courte ou moyenne portée qui permet de venir rapidement à bout d’un adversaire.

Quand l’IA redevient cool
Au final, même quand on a le sentiment d’avoir tout perdu, Embark s’arrange toujours pour nous filer un petit quelque chose, et ça, ça alimente un cercle vertueux : les frustrations ne durent jamais bien longtemps (d’après notre expérience) et on a rapidement envie de relancer une partie. C’est là que les autres qualités d’ARC Raiders entrent en jeu, et croyez-nous, il y en a.
La qualité la plus évidente, c’est toute la dimension PvE. C’est simple, c’est actuellement l’une des meilleures propositions du genre. Les machines sont variées (de sortes de facehugger à des drones en passant par des orbes explosifs et des créatures gigantesques) et suffisamment nombreuses au lancement. Surtout, leur IA est tout simplement excellente. Grâce au machine learning, les robots ont un comportement presque animal : on sent qu’ils cherchent la meilleure stratégie pour nous tuer. Les drones restent par exemple rarement immobiles et n’hésiteront pas à passer par une fenêtre si vous vous calfeutrez à l’intérieur. Et que dire du Bondisseur, cette horrible bête capable d’enjamber la moitié de la carte pour vous faire la peau.

“L’homme est un loup pour l’homme”
Mais il y a une autre menace. À la surface, vous n'êtes pas le seul Raider en quête de ressources : d’autres joueurs ont le même objectif que vous. Comme d’habitude avec les extraction shooter, ARC Raiders mise sur une grosse dimension sociale. Chaque rencontre peut être le théâtre d’entraide, de trahison ou même de meurtre de sang froid (on a eu le droit aux trois scénarios). Et des rencontres, vous allez quasiment en faire à chaque fois. D’après les estimations, chaque partie rassemble une vingtaine de joueurs, avec certains qui débarquent alors que le chronomètre de 30 minutes est déjà lancé. Un équilibre selon nous tout à fait adapté à la - grande - taille des cartes.
Des autres joueurs, nous en avons donc croisé souvent, et la part entre ceux qui voulaient nous faire la peau de ceux qui venaient en paix était (dans notre cas) surprenamment équilibrée. Alors, c’est sûr que c’est jamais agréable de mourir les poches bien remplies, et c’est encore pire de voir le schéma se répéter. Mais c’est un contrat inhérent au genre qu’il faut accepter. Après quoi, on peut prendre les choses avec philosophie : le facteur humain peut donner lieu à n’importe quelle situation, de la plus injuste à la plus mémorable, et ça rend l’expérience encore plus forte. On vous conseille d’ailleurs vivement de brancher votre micro pour utiliser le chat de proximité, même s’il y a une roue d’action pour sortir tout de go un “ne tirez pas”.

De notre côté, ARC Raiders a réussi à créer régulièrement des moments marquants avec d’autres joueurs, à tel point qu’il semble avoir trouvé une sorte de “recette”. Il faut dire que nous avons joué principalement en solo, et que dans cette configuration, les autres Raiders semblent plus enclins à collaborer. En fait, si vous jouez seul, vous rencontrerez quasi-systématiquement des joueurs solo. Mais si vous optez pour une escouade à 2 ou 3, où la camaraderie règne déjà, vous tomberez contre des équipes de taille équivalente. Jouez à plusieurs n’est donc pas forcément la meilleure stratégie, même si ça peut être utile pour rester en vie plus longtemps (vous devrez par contre vous répartir le loot). À vous de voir, mais ce qui est certain, c’est que ça va être compliqué de faire tomber les plus grosses machines seul.
C’est pas forcément le plus important pour un jeu du genre, mais force est de constater que le lore d’ARC Raiders s’avère déjà intéressant et plutôt fourni (allez consulter le Codex si ça vous chauffe) et semble “placer des billes” pour l’avenir. On vous invite d’ailleurs à suivre les quêtes pour découvrir ce que le titre a à offrir de ce côté-là.
Je ne suis pas un héros
C’est d’autant plus compliqué seul parce que vos déplacements sont assez limités. Côté gameplay, ARC Raiders mise sur une certaine “lourdeur”, avec des items qui demandent plusieurs secondes pour être consommés et des esquives relativement lentes, avec juste ce qu’il faut de réactivité pour échapper in extremis à une situation compliquée. En fait, on est sur un bon équilibre pour créer de la tension : il faut ainsi gérer son endurance, savoir quand recharger, quand ouvrir la roue d’objets pour prendre une charge de bouclier ou encore un item de soin. Il y a aussi pas mal de verticalité : notre personnage peut sauter et s’accrocher à n’importe quel rebord (en appuyant une nouvelle fois sur la touche de saut), ce qui peut donner lieu à des trajectoires assez stylées.

Du post-apo qu’est beau
Avec tout ça, on n’a même pas encore évoqué la dernière star d’ARC Raiders : ses cartes. Il y en a 4 au lancement avec à chaque fois une variante de nuit, des changements météo et des événements temporaires (du genre plus de caches spéciales avec du loot ou la présence d’un ennemi super dur). Et là encore, c’est une réussite. Les maps sont à la fois variées, vastes et denses, avec en plus pas mal de secrets. Et puis, c’est des champs de bataille où il se passe des trucs. Chaque partie est ponctuée par des drones ou des sondes qui tombent du ciel, des fusées qui signalent la mort d’un joueur, sans parler des rencontres avec les autres Raiders.
Mais en plus de tout ça, ARC Raiders fait fort du côté de la technique et de la direction artistique. Sur PC, c’est beau, détaillé et bien optimisé. On a seulement noté quelques bugs mineurs. Notre seul “vrai” reproche de ce côté-là, c’est que le jeu est configuré par défaut pour les claviers QWERTY, ce qui nous a obligé de réassigner nos touches au premier lancement (on a déjà fait pire).
Pour en revenir à la réalisation, c’est sûr que le post-apo avec des robots, c’est du réchauffé, mais les environnements d’ARC Raiders ont une vraie “gueule”, avec ces décors naturels teintés d’une vibe rétro-futuriste (à quoi vient s’ajouter l’excellent travail sur le son). Il y a également une chouette attention aux détails, comme pour les tenues des divers personnages. D’ailleurs, si vous êtes une fashionista, le titre propose tout un tas de skins à acheter avec de l’argent réel. On est évidemment jamais content de voir ça dans un jeu à 40€, mais c’est complètement optionnel, et les développeurs ne font jamais d’appel du pied pour nous inciter à quoi que ce soit… On peut même complètement oublier que c’est là.
Conclusion
Points forts
- L’IA des machines : une nouvelle référence en la matière
- Cartes vastes, variées, qui donnent envie d’être explorées
- Un extraction shooter plus “amical” que la moyenne
- Une dimension sociale qui apporte un joli piment
- Un gameplay qui vise dans le mille
- Une réalisation assez irréprochable
- Un jeu qui sait créer des “moments”
- Une formule d’ores et déjà addictive
Points faibles
- Une navigation dans les menus un peu laborieuse
- Pas de configuration en AZERTY par défaut au lancement (sur PC)
- Une frustration inhérente au genre qui pourra en rebuter plus d’un
Note de la rédaction
ARC Raiders est un quasi sans faute. Compliqué d’en attendre plus d’un extraction shooter, tout est là : un excellent PvE porté par une IA tout simplement excellente ; des retournements de situation à gogo avec juste ce qu’il faut de joueurs ; des cartes vastes qui ne sont pas avares en secrets ; un très bon gameplay qui sait pourquoi il est là ; une longue montée en puissance dont l’horizon est incarné par d’énormes machines à affronter. Bref, vous avez compris l’idée. C’est à essayer de toute urgence.