Bien avant de devenir l’icône oscarisée que le public connaît, Morgan Freeman s’est retrouvé face à un dilemme professionnel. Il s’agissait d’un rôle au cinéma qu’il jugeait incompatible avec son profil physique, l’obligeant à s’éloigner d’une image de lui-même qu’il ne pouvait assumer.
L'acteur Morgan Freeman, dont l'ascension vers la célébrité a été marquée par des œuvres majeures comme Street Smart, n’a pas toujours embrassé chaque opportunité qui se présentait. En 1980, bien qu'il ait déjà une solide expérience sur scène, à la télévision (notamment The Electric Company) et au cinéma, il s'est efforcé d'éviter de participer à un film qui allait pourtant marquer sa première apparition notable sur grand écran en sept ans : le drame carcéral Brubaker.
Le profil physique improbable et la bataille contre le rôle de Walter
Le personnage que l'on proposait à Morgan Freeman était Walter, un détenu, figurant seulement comme le sixième nom au générique de la distribution. Pourtant, pour Freeman, ce défi semblait insurmontable en raison de la description physique imposée par le scénario. S’adressant à The AV Club, il a avoué sans détour que c’était « un rôle pour lequel (il s’est) battu pour ne pas l'avoir ». Initialement, le réalisateur Bob Rafelson l'avait approché pour incarner ce prisonnier, décrit dans les écrits comme quelqu'un qui « pesait 109 kilos, et qui pouvait arracher une toilette du mur ! ».
Devant cette divergence manifeste avec son propre physique, l'acteur a répondu avec franchise : « Non ! Ce n’est pas… je ne peux même pas faire semblant d’être quelqu’un qui peut faire des choses comme ça ! Non merci ». Cependant, la production de ce film, qui mettait en vedette Robert Redford dans le rôle-titre, a connu des remous importants. Rafelson fut renvoyé et a intenté par la suite un procès de 10 millions de dollars contre la 20th Century Fox. Son remplaçant fut Stuart Rosenberg, un cinéaste qui avait déjà prouvé sa maîtrise du genre carcéral avec Luke la main froide.
De la réticence à l'Oscar : la force du chèque de paie
Malgré son opposition initiale, l'acteur fut finalement convaincu d'accepter l'engagement. La raison derrière ce revirement, typique d'une icône reconnue pour sa franchise, était étonnamment simple et sans fioriture. Ce qui l’a décidé à interpréter Walter ? L’argent. Brubaker n'a peut-être pas offert à Morgan Freeman le meilleur tremplin pour démontrer l'étendue de ses talents à l'époque. Toutefois, cette participation, qui survenait à une période où il était davantage associé à une série télévisée pour enfants qu'à des productions hollywoodiennes sérieuses, s’est avérée bénéfique sur plusieurs plans.

Le film, qui s’inscrit dans la lignée des drames pénitentiaires dirigés par Rosenberg, a généré des bénéfices substantiels au box-office. De plus, le long-métrage a obtenu une reconnaissance significative en décrochant une nomination aux Oscars pour son scénario. En combinant ce succès critique et commercial avec le chèque de paie rehaussé qui a fait pencher la balance, on peut conclure que l’adhésion de l’acteur au projet fut finalement une opération réussie.