En 1993, Steven Spielberg signe deux films qui marquent durablement l’histoire du cinéma : le sombre chef-d’œuvre La liste de Schindler et le blockbuster phénoménal Jurassic Park. Mais ce dernier a une signification particulière pour Spielberg.
Plus de dents !
Le contexte de production de Jurassic Park est lui-même révélateur. Spielberg n’avait accepté de tourner La liste de Schindler, un film en noir et blanc sur l’Holocauste qui remportera sept Oscars, qu’à la condition de livrer également un blockbuster estival pour le studio. Ce compromis donnera naissance à Jurassic Park, qui battra rapidement tous les records et inaugurera une saga encore active aujourd’hui… pour le meilleur comme pour le pire. Mais au-delà des impératifs commerciaux, Spielberg avait une idée précise : créer un film qui prolongerait la dynamique des Dents de la mer, mais cette fois-ci, sur terre !

Comme il l’a déjà confié à plusieurs reprises, Spielberg admet que Jurassic Park était sa manière de faire “une bonne suite des Dents de la mer, mais sur terre”. Dans les deux cas, le réalisateur joue sur la peur viscérale provoquée par une créature insaisissable et implacable, exploitant la tension et le suspense tout en innovant techniquement. Là où le requin rendait l’océan imprévisible, les dinosaures de Jurassic Park envahissent un parc, mêlant robots et CGI (alors naissante) pour apporter une immersion inédite au spectateur.
Tension palpable, en mer comme sur terre
Le parallèle avec Les Dents de la mer ne se limite pas aux créatures : il concerne également l’impact culturel et narratif. Le film de 1975 avait transformé Spielberg en réalisateur de légende, tout en posant les bases du blockbuster moderne. Près de vingt ans plus tard, Jurassic Park reprend cette énergie et cette maîtrise de la tension, appliquées à un nouvel univers, et crée un autre jalon dans la carrière du réalisateur.

On peut même se demander comment l’histoire du cinéma aurait été différente si Spielberg n’avait jamais réalisé Les Dents de la mer, car l’expérience acquise avec le requin semble avoir directement nourri sa vision des dinosaures. Jurassic Park n’est donc pas qu’un succès isolé : c’est la suite secrète du film qui avait fait de Spielberg un maître de la peur, mais désormais capable de jouer avec des monstres gigantesques et de captiver le public sur un tout autre terrain.