Anno 117 Pax Romana part plus loin dans le passé que ce à quoi la série nous avait habitués. L’Empire romain est au centre d’une intrigue politique féroce, de luttes internes acharnées et d’une volonté d’expansion agressive. Le cadre idéal pour un jeu de gestion où l’on conçoit des cités resplendissantes… à condition de savoir les défendre. Mais entre intrigues impériales et gestion millimétrée, la formule fonctionne-t-elle vraiment ?
Anno 117 est un city builder qui vous propose de créer des cités romaines à l’épreuve du temps et des guerres. La campagne permet de découvrir le jeu en douceur, elle dévoile les mécaniques au fil de l’histoire. Mais elle a un problème d’ampleur. L’histoire est intéressante, avec quelques rebondissements, mais on parle de grands mouvements politiques à la tête du puissant Empire Romain… Alors que tout se passe dans des villages de quelques milliers d’habitants. Elle offre de beaux panoramas, le jeu est joli à regarder ! Le mouvement des vagues, les couleurs chatoyantes, la musique apaisante… Voir sa cité évoluer est un plaisir. Seul regret : j’aimerais pouvoir zoomer un peu plus, voire me balader dans ma cité.



Rome peut se défaire en un jour
Vous allez donc placer des bâtiments dans votre ville en faisant une multitude de choix. Le choix de l’emplacement, déjà, qui est capital car les constructions ont tendance à se donner des bonus les uns les autres, il faut aimer les puzzles. Je voue un véritable culte à la fonction “déplacer” qui permet de revoir l’agencement pour arriver à un résultat optimal. Il faut également choisir QUOI construire, car tous les bâtiments ne sont pas obligatoires. Bon, moi j’ai tout construit. Mais ça reste un choix ! L’important c’est de faire attention à ce que les équilibres de la cité soient respectés. Il y a un vrai risque de cercle vicieux dévastateur : ma ville allait très bien, lorsque soudain j’ai manqué UN PEU de main d'œuvre. Le temps de chercher comment régler le problème, tous les services ont commencé à dérailler. Ce manque a généré une pénurie de ressources, ça a fait fuir des habitants, donc encore moins de main d'œuvre, etc. Gérer une crise fait partie du jeu et on ne peut pas s’en plaindre, mais c’est un peu déconcertant de voir un petit effet avoir des conséquences massives. J’ai dû prendre des mesures drastiques, en l'occurrence renvoyer TOUS mes soldats… D’autres incidents peuvent éclater, comme des incendies, des maladies ou des soulèvements, mais j’ai pu les régler très simplement, peut-être trop, en déplaçant un bâtiment administratif qui fait office de remède.
Je suis venu, j'ai vu, j'ai beaucoup attendu

Le vrai problème d’Anno 117, c’est son rythme. Une fois que mes villes tournent bien, que les habitants sont rassasiés, avec des lignes de commerce efficaces et que la diplomatie m’a permis de gagner de la tranquillité… Je n’ai plus qu’à attendre que les recherches se débloquent. LENTEMENT. Jusqu’à deux heures en temps réel ! Bien sûr, on peut considérablement accélérer avec les bons bâtiments, mais c’est pas super clair pour les nouveaux joueurs, et ça reste quand même très lent… Je me suis retrouvé dans une posture attentiste, avec une terrible question en tête : à quoi bon continuer à jouer ?
Anno 117 tente bien de renouveler mon intérêt avec des quêtes. Souvent des quêtes de transport de ressources, voire d’attaques de navires. Plus étonnant, l’apparition de quêtes dans ma ville, où ce marchand me demande de retrouver des caisses égarées… Un jeu de “Où est Charlie ?” auquel je ne m’attendais pas. J’y ai presque vu un jeu qui a conscience d’avoir des longueurs et qui tente de trouver des subterfuges pour maintenir mon intérêt. Il n’y a aucune nouvelle mécanique introduite dans ces quêtes, plutôt du meublage avec du contenu généré aléatoirement.


La bonne idée semble être de choisir la voie militaire. Pas tant parce qu’on peut personnaliser ses bateaux, c’est finalement assez anecdotique. Mais parce que créer des troupes coûte BEAUCOUP de population, ce qui a passablement mis à mal ma belle horlogerie, le manque de main d’oeuvre pouvant être fatal. Et la gestion des combat terrestres s’en sort bien ! Ce n’est pas du Total War, mais il y a une gestion du moral des troupes. Avec des bâtiments défensifs à percer et des bateaux qui peuvent tirer de loin… Je me suis pris au jeu. Là aussi cependant je me suis heurté à des murs et j’ai dû attaquer plusieurs fois un ennemi agonisant pour l’achever. Et reconstituer ses forces est coûteux en ressources et en temps. J’ai encore dû attendre ! Et face à une IA timide, l’excitation retombe vite.

Alea a jacta est et ouest, en même temps
Heureusement, le jeu dévoile, un peu tard, ce que je considère être sa meilleure proposition. Le gameplay change légèrement que vous soyez dans une map du Latium, en Italie, ou en Albion, c’est-à-dire en Grande Bretagne. Il faut gérer les marais, certaines ressources ne sont pas disponibles (essayez de faire pousser du raisin en Ecosse pour voir…), les ennemis un peu différents, j’ai été obligé de m’adapter un peu, avec une notion agréable de choix entre embrasser la culture locale ou romaniser la population de force. Mais ce qui a véritablement changé les choses et ravivé ma flamme, c’est quand le jeu m’a demandé de gérer les deux cartes en même temps, en temps réel ! D’une pression de touche on passe du Latium à l’Albion, et les villes doivent être gérées en parallèle. Ça devient un nouveau défi de management, où les ressources commerciales de l’un viennent aider le développement de l’autre. C’est dommage que cette possibilité soit débloquée si tard dans la partie ! La voilà, la vraie bonne idée de Anno 117 : Pax Romana !



Conclusion
Points forts
- C'est très beau !
- Les mécaniques de gestion sont parfaitement maitrisées
- La construction est agréable, merci à l'option "déplacer"
- Les deux provinces à gérer simultanément
- Les batailles, simples mais efficaces
Points faibles
- Un gros problème de rythme
- Un problème peut entrainer un cercle vicieux dévastateur, peut-être trop
- La campagne décevante, un "empire" tout petit pour des intrigues si importantes
- Des quêtes pas passionnantes, qui tentent de meubler
Note de la rédaction
Anno 117 Pax Romana est superbe, équilibré, riche en options. Si la campagne est plutôt décevante, ses mécaniques de gestion sont bien huilées et on prend plaisir à construire de belles cités équilibrées. Mais une fois la confortable routine d'une ville fonctionnelle installée, on perd en intérêt, la faute à un vrai problème de rythme. Le salut viendra de la possibilité de gérer les deux provinces en même temps, qui ravive fortement l’intérêt. Si vous aimez bâtir lentement, réfléchir longtemps et contempler vos cités romaines, vous serez servis. Les autres risquent d’abandonner avant de connaître la gloire romaine.