John Carter : Le Flop Épique de Disney, entre Échec Commercial et Soupçons de Sabotage

Titre original : Il devait être le nouveau Star Wars, ce film de SF au budget pharaonique fut un tel échec que la piste du sabotage est privilégiée

Porté par les rêves de grandeur de Disney, ce film devait lancer une nouvelle ère du space opera. Mais entre erreurs stratégiques, rumeurs de sabotage et désastre financier, l’épopée martienne s’est transformée en l’un des naufrages les plus spectaculaires d’Hollywood.

En mars 2012, les studios Walt Disney lançaient John Carter, adaptation ambitieuse du roman Une princesse de Mars d’Edgar Rice Burroughs, publié un siècle plus tôt. Réalisé par Andrew Stanton, l’un des maîtres de Pixar (Le Monde de Nemo, WALL-E), ce film mêlant science-fiction, action et aventure devait devenir la nouvelle franchise phare du studio. Mais malgré un budget colossal estimé à 250 millions de dollars, l’épopée martienne s’est rapidement muée en désastre financier historique.

Un spectacle visuel somptueux, mais ignoré du public

Avant même sa sortie, John Carter traînait une réputation inquiétante : communication confuse, bande-annonces mal reçues, et rumeurs d’un futur échec. À sa sortie, la réception critique fut tiède. Aux États-Unis, le film obtient 51/100 sur Metacritic et 52 % d’avis positifs sur Rotten Tomatoes. Si certains saluaient "un univers visuellement splendide" ou "une aventure généreuse", beaucoup dénonçaient "un scénario brouillon" et "des effets spéciaux déjà vus".

En France, le film bénéficia d’un accueil plus clément. Quelques critiques allèrent jusqu’à le qualifier de "meilleur space opera depuis Star Wars" ; un compliment ironique au regard de son destin. Malgré ses 133 minutes d’images spectaculaires, le public n’a pas suivi. Le premier week-end américain plafonna à 30,1 millions de dollars, et les recettes mondiales s’arrêtèrent à 282,7 millions. Trop peu pour rentabiliser un investissement global avoisinant 350 millions de dollars, marketing compris.

Il devait être le nouveau Star Wars, ce film de SF au budget pharaonique fut un tel échec que la piste du sabotage est privilégiée

L’ombre du sabotage

Le 19 mars 2012, Disney reconnaissait officiellement une perte de 200 millions de dollars, un aveu rarissime dans l’industrie. Rapidement, des voix s’élevèrent pour évoquer une hypothèse surprenante : celle d’un sabotage interne. Selon plusieurs journalistes spécialisés, la campagne de promotion aurait été volontairement affaiblie, afin de ne pas éclipser d’autres franchises alors stratégiques pour Disney, comme Marvel ou Star Wars, acquis quelques mois plus tard. Résultat : la trilogie prévue fut annulée, et le président des studios, Rich Ross, contraint à la démission. En 2014, Disney abandonnait définitivement les droits de la saga.

Aujourd’hui, John Carter demeure un cas d’école à Hollywood : celui d’un film au potentiel immense, né d’une œuvre fondatrice (Burroughs avait inspiré Star Wars et une grande partie de la SF moderne), mais victime d’erreurs de communication et de luttes internes. Loin de devenir la nouvelle grande saga spatiale, il est resté dans les mémoires comme le symbole du "flop" absolu, un mirage rougeoyant perdu sur la planète Mars.