Confessions d'un gamer : l'imposture derrière la réussite dans les jeux From Software

Titre original : J’ai fini ce jeu vidéo super difficile, mais je n’en tire aucune fierté. C’est mon plus gros secret de gamer ...

Certains succès donnent envie de les exhiber avec fierté, mais ceux-là, je préférerai les cacher. Cette victoire fait partie de celle dont on ne se vante pas.

Dans une vie de gamer, il arrive parfois de complètement passer à côté d’une licence ou d’un genre très à la mode et adulé par les fans. Pour certains, ce sont les Battle Royale, pour d’autres les extractions shooters. Pour moi, ce sont les jeux From Software. Demon's Souls, Sekiro, Elden Ring… j’en ai essayé beaucoup, laissant même à certains plusieurs chances, mais je n’ai malheureusement jamais accroché à la formule de difficulté hyper punitive et de narration cryptique des jeux de Hidetaka Miyazaki.

Certains diront que je suis juste trop nul pour apprécier ces jeux. À ceux-là je rétorquai jusqu'à récemment en dégainant mon profil Steam, affichant fièrement mes accomplissements sur Dark Souls III. Avec mes 95h de jeux et mon taux de complétion des succès de 79%, je pouvais me targuer de bien connaître le genre. Mais aujourd’hui il est temps de mettre fin à la mascarade et de révéler mon plus grand secret de gamer : Oui, je suis nul au souls-like, et ces 34 succès sur 43 sont pour la plupart tout à fait immérités.

J’ai fini ce jeu vidéo super difficile, mais je n’en tire aucune fierté. C’est mon plus gros secret de gamer ...

Mon veilleur des abysses à moi

Tout a commencé un soir de juin 2018, alors que j’étais une fois de plus sur le point de désinstaller Dark Souls III après avoir été humilié pour la douzième fois par Iudex Gundyr, le tout premier boss (pour ma défense, j'avais choisis la classe "esclave"). C’est alors qu’est intervenu mon ami Salazou, celui que je décrirais aujourd’hui comme mon ange gardien d’Anor Londo. Cet homme (que dis-je, cette légende) a plus de 1035 heures de jeu au compteur, a terminé Dark Souls III “une bonne dizaine de fois” selon ses dires. Il passait alors la plupart de ses soirées à envahir des noob avec des persos niveau 20 aux dégaines honteuses pour s’amuser à les parry et emoter sur leur corps.

J’ai fini ce jeu vidéo super difficile, mais je n’en tire aucune fierté. C’est mon plus gros secret de gamer ...

Une fois le premier Boss vaincu et devant ma réticence à poursuivre le jeu, il m’a proposé son aide via le système d’invocation d’alliés avec des marques posées au sol. Et c’est là que tout a changé.

Praise the sun… mais surtout Salazou

Soudain, tout semblait plus simple. Les boss tombaient alors que je passais les ⅔ du combat à boire dans ma fiole d’Estus en ratant chaque esquive. Salazou me guidait à travers chaque zone, m’indiquait chaque objet à ramasser et je me surprenais à apprécier enfin le jeu… sans jamais vraiment y jouer. C’est lui qui me carry, qui connaissait chaque piège, chaque raccourci, chaque timing de roulade.

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Moi, j’étais un gros boulet auquel il s’était enchaîné tout seul et qu’il abreuvait d’item anti poison dans le Bastion de Farron. Il m'a carrément donné l’anneau de félin argenté dès le début du jeu, me permettant de survivre à n'importe quelle chute et ainsi skip certains passages du jeu entièrement. Bon, évidemment, taquin comme il est, il m’a aussi fait ouvrir quelques mimiques (ces faux coffres qui vous dévorent lorsqu'on essaye de les ouvrir), histoire de.

J’ai fini ce jeu vidéo super difficile, mais je n’en tire aucune fierté. C’est mon plus gros secret de gamer ...

Petit à petit, on a traversé tout le jeu ensemble. Il m’expliquait le lore entre deux combats, me filait les bons objets, me guidait vers les feux. À chaque boss vaincu, j’avais ce mélange de fierté et de honte.

Héritier du feu abattu, seum restauré

Quand le boss final est tombé, j’ai ressenti quelque chose d’étrange : pas de triomphe, pas de catharsis. Juste un grand vide. J’avais “fini” Dark Souls III, oui, mais à quel prix ? Mes succès brillaient sur mon profil mais ils sonnaient creux. J’avais vécu le jeu comme un spectateur privilégié, et rien n'était mérité. Aujourd’hui, je comprends que Dark Souls n’est pas qu’une question de difficulté. C’est une expérience à part entière, faite d’apprentissage, d’échecs et de persévérance. En me faisant porter tout du long, j’ai peut-être manqué ce que le jeu avait de plus important à m’apprendre.

J’ai fini ce jeu vidéo super difficile, mais je n’en tire aucune fierté. C’est mon plus gros secret de gamer ...

Mais au fond, je ne regrette pas cette aventure. Ces après-midis de vacances scolaires passés sur Dark Souls avec Salazou figurent parmi mes meilleurs souvenirs de gaming, et ce que je n’ai pas vécu en dépassement de moi-même a largement été compensé en fou rire. C’était quand même drôle de le voir se démener pour m’amener jusqu’à la fin du jeu (et de ses DLC, s’il vous plaît). Alors oui, je suis un imposteur du git gud mais désormais je l’assume. Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, je retenterai l’aventure… sans filet cette fois-ci.