Christopher Nolan défend Watchmen : un film visionnaire mal accueilli par un public pas encore prêt

Titre original : “Fascinant de le voir après” Christopher Nolan n’en démord pas : le public n’était pas prêt pour ce film, Avengers en a changé la vision

Sorti en 2009, Watchmen de Zack Snyder fut un échec commercial, malgré son audace et sa fidélité au roman graphique culte d’Alan Moore et Dave Gibbons. Seize ans plus tard, Christopher Nolan réhabilite le film, estimant qu’il était simplement “en avance sur son temps” — trop subversif pour un public qui n’était pas encore prêt à le comprendre.

Watchmen : l’échec d’un film trop visionnaire

En 2009, Zack Snyder s’attaquait à un monument réputé inadaptable : Watchmen, le chef-d’œuvre d’Alan Moore et Dave Gibbons, roman graphique culte qui déconstruisait le mythe du super-héros. Malgré sa mise en scène spectaculaire et son esthétique soignée, le film fut un échec cuisant. Avec 187 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget oscillant entre 120 et 150 millions, Watchmen a été considéré comme un “douloureux échec” pour son réalisateur. Pourtant, l’œuvre n’a pas disparu dans les limbes du box-office : au fil des années, elle a acquis un statut de film culte, célébrée pour sa densité thématique et sa puissance visuelle.

Un public pas encore prêt

Parmi ceux qui défendent aujourd’hui Watchmen figure Christopher Nolan, ami proche de Zack Snyder et artisan du réalisme noir des Dark Knight. Nolan, qui échange régulièrement avec Snyder, a récemment affirmé que Watchmen était “en avance sur son temps”. À l’époque, rappelle-t-il, le public n’était pas encore prêt à accueillir une œuvre aussi déconstructive :

« Le concept d’un univers super-héroïque partagé n’existait pas encore. Pour subvertir un genre, il faut d’abord que ce genre soit dominant. »

“Fascinant de le voir après” Christopher Nolan n’en démord pas : le public n’était pas prêt pour ce film, Avengers en a changé la vision

En 2009, seules deux productions de l’embryonnaire Marvel Cinematic Universe avaient vu le jour. Les Avengers n’étaient encore qu’un rêve de fans, et La Ligue de la Justice restait une chimère. Dans ce contexte, Watchmen arrivait trop tôt, avant que les codes du “team-up” super-héroïque ne soient solidement établis.

La subversion avant l’heure

L’argument de Nolan souligne une vérité essentielle : Watchmen n’était pas une simple adaptation, mais une démolition méthodique du mythe du héros masqué. Là où Marvel allait bientôt glorifier l’union des puissants, Snyder montrait la décadence morale et la violence politique qui se cachent derrière les capes et les symboles. Sans repère culturel clair pour saisir cette ironie, le grand public a vu un blockbuster sombre et confus là où se jouait une tragédie existentielle.

Aujourd’hui, Watchmen est reconnu comme un jalon majeur du cinéma de super-héros, une œuvre opératique et démesurée qui annonçait déjà la complexité morale de sagas comme The Boys ou Peacemaker. Christopher Nolan le résume ainsi :

« Il aurait été fascinant de voir Watchmen sortir après Avengers. »

Peut-être que, dans un marché plus mûr et habitué aux récits interconnectés, le film de Snyder aurait trouvé le succès qu’il méritait. En 2009, c’était un chef-d’œuvre brut, trop dense et trop lucide pour une époque qui n’avait pas encore appris à regarder ses héros autrement que comme des dieux.