L’icône du western John Wayne a souvent brillé sous la direction de John Ford. Mais parmi leurs nombreuses collaborations, un film en particulier tenait une place spéciale dans le cœur de l’acteur.
John Wayne a incarné l’âme du western américain comme peu d’acteurs avant ou après lui. En plus d’un siècle de cinéma, son nom reste synonyme de grand ciel, de poussière et d’honneur viril face à l’adversité. Pourtant, parmi ses innombrables rôles ( plus de cent trente au total ) un seul film occupait une place vraiment spéciale dans son cœur. « Je crois que mon film préféré est Le Capitaine du Diable », confiait-il un jour avec ce mélange de fierté et d’humilité qui le caractérisait. « Je pense que j’y ai plutôt bien joué. »
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Réalisé en 1949 par John Ford, Le Capitaine du Diable (She Wore a Yellow Ribbon en version originale) appartient à la célèbre trilogie de la cavalerie du cinéaste, aux côtés de Rio Grande et Fort Apache. Wayne y interprète le capitaine Nathan Cutting Brittles, vétéran proche de la retraite, chargé d’une dernière mission avant de rendre les armes. Derrière ce récit classique se cache un portrait émouvant d’un homme confronté à la fin d’une époque... la sienne !
Ford, fidèle à son sens du cadre et du symbole, filme Monument Valley comme une cathédrale naturelle. La couleur y joue un rôle central : c’est l’un des premiers westerns tournés en Technicolor.
Un rôle à contre-courant
À quarante-deux ans seulement, John Wayne incarne un homme d’une soixantaine d’années, marqué par les pertes et la solitude. Loin des duels et des bagarres, Le Capitaine du Diable explore la loyauté, la mémoire et la dignité. Ce mélange de grandeur et de douceur explique sans doute pourquoi Wayne y voyait sa plus belle réussite : « J’ai fait du bon travail », résumait-il simplement.
Si le film n’a pas remporté les honneurs des grands prix, il reste un jalon essentiel dans la carrière du duo Ford/Wayne. C’est aussi l’un de ces westerns qui dépassent le genre pour parler de transmission et d’héritage. Le capitaine Brittles, tout comme John Wayne, incarne un monde sur le point de disparaître... mais dont l’ombre plane encore sur le cinéma américain. Aujourd’hui, Le Capitaine du Diable reste moins cité que La Prisonnière du désert ou Liberty Valance, mais il demeure un témoignage bouleversant d’un acteur en pleine maîtrise de son art.