L'ascension d'une secte inspirée par Final Fantasy VII : de la passion à la manipulation mentale

Titre original : Quand une vraie secte s'est formée grâce à... Final Fantasy

Au début des années 2000, une communauté de fans de Final Fantasy VII s’est transformée en une véritable secte autour d’une femme se faisant appeler Jénova. Ce qui devait être un refuge pour passionnés est vite devenu un cauchemar d’emprise, de manipulation et de dérives mystiques.

Quand la fiction de Final Fantasy VII inspire une véritable dérive sectaire

Tout semblait commencer comme une simple passion de fans. Une admiration sincère pour l’univers complexe de Final Fantasy VII, ses héros torturés et son esthétique mystique. Mais dans un petit appartement du borough de State College, en Pennsylvanie, cette fascination a basculé dans l’excès. À la tête de ce qui allait devenir la “Maison FF7”, une jeune femme se faisant appeler Jénova — pseudonyme emprunté à l’entité extraterrestre du jeu — transforma sa propre obsession en véritable culte.

Avant d’en arriver là, la trajectoire de Jénova est déjà marquée par la souffrance. Ancienne élève de Cross Creek, un établissement de “rééducation” pour adolescents difficiles dans l’Utah, elle y aurait subi de graves traumatismes. Son passage dans ce lieu tristement célèbre — accusé d’abus physiques et psychologiques — aurait profondément altéré son équilibre mental. Devenue adulte, elle s’invente une mythologie personnelle : selon ses dires, elle serait à la fois réincarnation d’anges, de vampires et de personnages de fiction, de Sephiroth à Lara Croft.

La “Maison FF7” : quand le jeu devient une prison mentale

Au début des années 2000, Jénova fonde, avec sa compagne surnommée Hojo, une petite communauté autour de Final Fantasy VII. Sur le système de messagerie AOL, elle recrute des fans vulnérables, en quête d’appartenance. Parmi eux, un jeune internaute connu sous le pseudonyme Webmaster, passionné par le jeu et en plein mal-être personnel. Très vite, la relation virtuelle devient réelle : il est invité à rejoindre la “Maison FF7”.

Quand une vraie secte s'est formée grâce à... Final FantasyQuand une vraie secte s'est formée grâce à... Final Fantasy

Ce qu’il découvre n’a pourtant rien d’un sanctuaire pour geeks. L’appartement est délabré, les habitants vivent reclus et obéissent aveuglément à Jénova, convaincue d’avoir des pouvoirs mystiques. Sous couvert de rituels “magiques”, elle exerce un contrôle total : privations, manipulation, humiliations, et même menaces physiques. Certains témoignages évoquent des séances de “régressions de vies antérieures” et des chantages affectifs incessants.

Les victimes racontent un engrenage de dépendance : peur, fascination et besoin d’être “spécial” entretenaient l’emprise. Plusieurs membres finiront ruinés, blessés, ou psychologiquement brisés. L’un d’eux résume son calvaire en une phrase glaçante : « Je préférais dormir dehors que vivre avec eux. »

La “Maison FF7” finira par se disloquer, ses membres s’enfuyant les uns après les autres. Quant à Jénova et Hojo, leur trace s’efface progressivement des radars au fil des années. Mais leur histoire reste un cas d’école : celui d’une passion dévoyée, où la frontière entre jeu, mythe et manipulation s’est dangereusement dissoute.