Une voix majeure de l’industrie s’inquiète ouvertement de l’avenir créatif du jeu vidéo. Derrière une apparente solidité du marché, l’ancien président de Nintendo of America observe des signaux préoccupants.
L’ancien président de Nintendo of America, Reggie Fils-Aimé, a pris la parole dans une interview du média Game Business pour évoquer ce qu’il considère comme un problème majeur dans l’industrie : la baisse visible de l’innovation, particulièrement dans les grosses productions. Dans un contexte où les jeux sont de plus en plus longs et chers à développer, cette tendance n’est pas si étonnante.
Reggie Fils-Aimé alerte
Dans l’entretien, le président mythique de Nintendo of America déclare la chose suivante :
Il y a des signes que l'innovation n'est pas au rendez-vous. Les contenus novateurs et percutants semblent se faire plus rares. Cela m'inquiète.
Pour lui, la situation s’explique par la contrainte de réduire les risques pour absorber des coûts de production devenus colossaux. L'Américain souligne que « au cours des dix dernières années, beaucoup d’innovations sont venues des petits développeurs indépendants ». Selon lui, « les contenus réellement révolutionnaires semblent devenir de plus en plus rares et espacés ». Une inquiétude qu’il illustre en citant Insomniac Games, réputé pour ses innovations mais désormais « attendu dans les mines Marvel pour les prochaines itérations», ce qui restreint mécaniquement sa liberté créative.

Des coûts de production de plus en plus onéreux
Le développement des titres AAA atteint aujourd’hui des budgets inédits, ce qui explique en grande partie la prudence des grands éditeurs évoquée par Reggie Fils-Aimé. Selon plusieurs estimations pour 2025, une production AAA standard peut coûter de 30 à 500 millions de dollars uniquement pour le développement. D’autres sources précisent que pour les blockbusters le budget total, développement plus marketing, dépasse désormais les 200 millions de dollars en moyenne.

D’autres franchises poussent encore plus loin ces records, comme Call of Duty : Black Ops Cold War, dont le cycle total (production, marketing, mise à jour et contenu additionnel, etc.) aurait atteint près de 700 millions de dollars. Des licences comme Assassin’s Creed sont aussi concernées, Ubisoft ayant indiqué que l’épisode Shadows avait coûté plus de 100 millions d’euros.