Ce long-métrage, considéré par beaucoup comme un chef-d’œuvre incontournable de l’histoire du cinéma, continue de captiver les spectateurs trois décennies après sa sortie. Au-delà de son récit épique et de son succès commercial fulgurant, une subtilité de casting impliquant sa star principale, l’acteur oscarisé Tom Hanks, échappe souvent à l’attention générale.
Le film Forrest Gump, sorti le 23 septembre 1994, est l'une de ces œuvres cinématographiques que l'on peut apprécier quel que soit le moment, la manière ou la compagnie. Bien que l'interprétation magistrale de Tom Hanks dans le rôle-titre soit universellement célébrée, le fait qu'il ait endossé l’identité d'un second personnage dans cette même production de Robert Zemeckis passe très souvent inaperçu. Pourtant, cette double prestation est au cœur d'un clin d'œil historique et symbolique particulièrement puissant, contribuant au statut du film comme l'une des meilleures réalisations de tous les temps.
Le double rôle méconnu de Tom Hanks
Il est frappant de constater que Tom Hanks incarne deux rôles dans cette œuvre, des personnages qui sont, selon les sources, "complètement opposés l'un à l'autre". Le premier est bien sûr Forrest, dont l'histoire est une aventure épique prouvant qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un QI élevé pour réussir, mais qu'il suffit de s'en donner les moyens. Le second personnage est Bedford Forrest, un homme réel qui fut le fondateur du mouvement raciste Ku Klux Klan. L’apparition de ce personnage, joué brièvement par Hanks lors d'un flash-back, sert à expliquer l'origine du nom de famille du héros.
Dans cette séquence fugace, l’interprétation de Hanks en tenue du Ku Klux Klan est superposée à des images du film de 1915, The Birth of a Nation. Le narrateur se souvient que sa mère disait : « Le rôle de Forrest est de me rappeler que nous faisons tous des choses qui, eh bien, n'ont pas de sens ». Cette réplique finale du film de 1994 simplifie une situation complexe, soulignant que les deux figures, malgré leur patronyme partagé, ne possèdent pratiquement rien d'autre en commun. Ce choix scénaristique utilise la figure de Nathan Bedford Forrest comme un "subtil clin d'œil à l'histoire".
Un chef-d'œuvre entre adaptation sélective et succès planétaire
L'œuvre demeure une pièce maîtresse de la filmographie de Robert Zemeckis, qui a d'ailleurs accédé à la réalisation du projet "un peu par hasard", après que d'autres cinéastes de renom comme Ivan Reitman, Penny Marshall et Terry Gilliam l'eurent refusé. L'adaptation cinématographique du roman homonyme de Winston Groom a été sélective, ne couvrant que les onze premiers chapitres sur les vingt-six de l'ouvrage original. Plusieurs aventures du héros ont ainsi été écartées, notamment sa carrière de lutteur professionnel ou sa tentative de se présenter au Sénat des États-Unis.

Malgré ces choix d’adaptation, le film, mettant en vedette Tom Hanks, Gary Sinise et Robin Wright, a connu un triomphe commercial retentissant. Forrest Gump est resté parmi les trois films ayant généré le plus de recettes aux États-Unis pendant ses douze premières semaines d'exploitation. Son succès s'est même prolongé sur le marché secondaire, devenant la vidéo pour adultes la plus vendue lors de sa sortie en VHS, avec 12 millions d'exemplaires écoulés. Trente ans après sa première projection, il est toujours considéré comme un chef-d’œuvre.