Nos jeux vidéo cherchent-ils tous désespérément à être trop gros ? Dans une industrie qui continue de chercher les bons modèles économiques, les succès des jeux service font tourner des têtes. Et creusent parfois des tombes.
On ne peut pas plaire à tout le monde
Il est un des créateurs de Fallout et dans une récente vidéo, il critique ce que l’industrie du jeu vidéo est devenue. Tim Cain déclare en effet que les éditeurs les plus importants “ne savent plus vraiment ce qu’ils veulent faire”. Ou plutôt, ils savent qu’ils veulent faire des succès planétaires en oubliant l’essentiel : tous les jeux ne sont pas forcément faits pour que le grand public plonge dedans. “Ils essaient de plaire à tout le monde”, renchérit Tim Cain, avant d’ajouter : “ils sont conçus par un comité, pour satisfaire un éditeur, ils tentent de deviner les goûts du plus grand nombre”. En d’autres termes, les géants du jeu vidéo accorderaient trop d’importance aux études des tendances du marché et chercheraient trop intensément à mettre au point le prochain phénomène vidéoludique qui plaira à tous… et qui rapportera des millions.

Sur les réseaux sociaux, des personnes plus ou moins liées à l’industrie avouent leur accord avec les propos de Tim Cain. “Tous les éditeurs de jeux AAA se demandent pourquoi ils n’ont pas leurs propres GTA 5 ou Fortnite. Ils courent après les tendances, ce qui se retourne presque toujours contre eux”, lit-on par ici. Les joueurs ont souvent reproché aux éditeurs de viser un public trop large, soulignant l’hypothèse que faire un jeu pour tout le monde aurait autant d’efficacité que faire un jeu pour personne. Peut-on cependant reprocher aux mastodontes du jeu vidéo d’essayer de comprendre la direction du marché, et de vouloir développer leur poule aux œufs d’or qui assurera des revenus réguliers ?

Mieux cibler pour mieux réussir
Comme l’a récemment souligné Ubisoft, les jeux premium classiques se heurtent aux jeux service qui malgré leur grand âge, ne disparaissent pas et entrent donc en concurrence avec les dernières sorties. Dans son rapport intitulé “l’état du jeu vidéo en 2025”, Matthew Ball revenait sur le cas de ces jeux service devenus tellement énormes qu’ils sont maintenant des “trous noirs”, rendant la concurrence compliquée, voire impossible. Oui, Call of Duty, Fortnite, League of Legends, Valorant, Minecraft, FIFA, GTA 5, Roblox… sont de vraies menaces pour tous les jeux vidéo qui chercheraient désespérément à s’imposer.

Les développeurs sont nombreux à vouloir grignoter une part du gâteau. Malheureusement, à ce petit jeu, il y a plus d’appelés que d’élus. Face aux coûts engendrés pour tenter de déloger les licences les mieux installées, les géants préfèrent parfois enterrer leurs projets rapidement, comme Sony avec Concord, ou d’Ubisoft avec Hyper Scape, Roller Champions ou encore XDefiant. Rivaliser avec un jeu “trou noir” coûte très cher. Peut-être que produire des jeux moins coûteux et mieux ciblés, comme ce que l’on voyait il y a plusieurs années, sera le secret de la réussite à l’avenir ? En tout cas, c’est une stratégie que Tim Cain invite à suivre.