Alors qu’il a vécu les pires comme les meilleures choses qui peuvent arriver dans une vie, ce docteur d’origine cambodgienne est décédé tragiquement dans des conditions mystérieuses en 1996, probablement pour les raisons qui lui ont permis d’obtenir un Oscar.
C’est en participant au film La Déchirure (ou The Killing Fields en VO) que Haing S. Ngor a obtenu l’Oscar de meilleur second rôle, en jouant une victime du génocide cambodgien entre 1975 et 1979, un événement qu’il a lui-même vécu, et dont il s’est juré de faire perdurer le souvenir.
La retranscription d’une vie déchirante
Né au Cambodge en 1940, Haing S. Ngor était déjà docteur lorsque les Khmers Rouges, un mouvement politique et militaire communiste, sont arrivés au pouvoir en 1975. Leur but était de faire disparaître chaque aspect de la société ramenant au capitalisme ou à un système de classes. Pour faire ça, ils n’ont pas hésité à causer la mort de plus de 1,7 million de Cambodgiens, en les assassinant directement, en les forçant à travailler, ou en les laissant mourir de famine ou de maladies. En tant que médecin, Haing S. Ngor a dû cacher sa profession pour ne pas être exécuté sur le champ, et a été envoyé dans un camp de concentration avec sa femme, alors enceinte.

Malheureusement, elle décède en couche dans ce même camp, mais Ngor arrive tout de même à s’échapper du pays avec sa nièce pour se réfugier aux États-Unis. C’est en travaillant à conseiller les autres réfugiés qu’il eut son premier contact avec Hollywood. Il y rencontre Pat Golden, responsable du casting de The Killing Fields, un film basé sur l’histoire vraie du journaliste Sydney Schanberg et de son assistant cambodgien, Dith Pran, essayant de rapporter au monde le génocide qui a lieu dans le pays. Ngor est choisi par Pat Golden pour jouer Dith Pran, alors qu’il n’a aucune expérience dans le milieu du cinéma.
Assassiné pour pour sa mémoire
Le film fut un tel succès qu’il a été nominé plus de 7 fois aux Oscars de 1985, y compris pour l’Oscar du meilleur second rôle pour Haing S. Ngor. À la surprise générale, il remporte le prix et le dédie à toutes les victimes des Khmers Rouges, à sa nièce, et au souvenir qu’il faut garder de l'atrocité qui a été commise pour ne pas la reproduire. Après ça, Ngor continue sa carrière d’acteur dans des petits films et petites séries, tout en continuant de garder vive la mémoire du génocide cambodgien par ses différentes interventions médiatiques.

Seulement, tout s’arrêta brutalement le 25 février 1996, lorsque Haing S. Ngor est assassiné par les membres d’un gang de Los Angeles. Si sa mort a d’abord été mise sur le compte d’un braquage ayant mal tourné, d’autres ont aussi pensé que son exécution était du fait de Khmers Rouges encore en activité. Ce n’est qu’en 2009 que le meurtre de Ngor a été avoué par Kang Kek Leu, un haut responsable du mouvement, lors de son procès par l’ONU. Malgré sa mort précoce et tragique, le souvenir de Haing S. Ngor continue d’être remémoré, notamment par sa nièce, qui ne manque de rappeler l’histoire de son oncle dès qu’une personne pose une question sur la statuette dorée qu'il a remporté en 1985.