Son développement était tellement énorme pour l’époque que Sonic premier du nom a créé des tensions en interne. A l’occasion de la sortie de Sonic Racing : Crossworld, un des principaux développeurs est revenu sur cette production pas comme les autres…
A l'occasion de la sortie de Sonic Crossworld Racing en septembre 2025, une des figures de proue de la création de Sonic a reparlé des débuts du hérisson. Dans une récente interview, Mark Cerny (l’architecte de la PS4 et de la PS5) est revenu sur son passage chez Sega, une période qu’il décrit comme « brutale ». Entré dans l’entreprise après Atari, il a été témoin direct de la naissance du hérisson bleu… et des tensions qu’elle a provoquées en interne. Selon lui, le développement du premier Sonic a été « terriblement controversé », notamment en raison de l’ampleur inédite des ressources allouées au projet.
Un projet qui bouscule Sega de l’intérieur
Cerny raconte qu’à l’époque, chez Sega Japon, les équipes prévoyaient généralement « trois personnes pendant trois mois » pour développer un jeu. Avec Sonic, tout bascule : les besoins explosent et le projet finit par mobiliser bien plus de monde, bien plus longtemps :
L'idée était en partie d'allouer beaucoup plus de ressources à ce projet que d'habitude - Mark Cerny
Si les chiffres précis sont « un peu flous » avec le temps, l’ingénieur reste frappé par l’écart entre ce qui était prévu et ce qu’il a réellement fallu pour mener Sonic à bien. Ce dépassement massif aurait même conduit à des tensions avec Yuji Naka, co-créateur de Sonic, qui, selon Cerny, « se faisait constamment réprimander » malgré le succès du jeu. Épuisé, Naka finit par quitter l’entreprise, avant d’être convaincu plus tard de rejoindre le Sega Technical Institute fondé par Cerny.
Une suite lancée dans l’urgence
Personne, selon Cerny, n’avait anticipé l’ampleur du phénomène. Dès la première démonstration, il lui paraissait « évident que ce jeu allait cartonner ». Pourtant, du côté de Sega Amérique, on hésite d’abord à lancer une suite trop vite. Ce n’est qu’après les ventes spectaculaires du jeu lors de sa première période de Noël que les priorités changent. Sonic the Hedgehog 2 est alors confié au Sega Technical Institute, réunissant à nouveau Naka et le concepteur Hirokazu Yasuhara, tandis qu’au Japon, Naoto Ohshima travaille sur un autre titre qui deviendra Sonic CD.
Pour Cerny, cette effervescence traduit aussi un environnement de travail difficile. Il décrit un président « qui allait nous forcer à réussir », une pression constante qui, malgré la camaraderie des équipes, rendait son quotidien usant. Quitter Sega a été, selon ses mots, « une chose très saine ». Une manière de reconnaître à la fois l’exigence extrême de l’entreprise et le talent visionnaire de son président, même si « sept ans de cela, c’était assez ».