C’est plus ou moins grâce à cette personne que ARC Raiders existe (dans sa formule actuelle). Et son avis sur l’état de l’industrie n’est pas du tout rassurant.
Il y a quelques années, le nom d’Embark n’évoquait rien à personne. Aujourd’hui, le studio suédois, fondé par des anciens de DICE (Battlefield), est à la tête de The Finals est surtout d’ARC Raiders, l’extraction shooter qui s’est vendu à 4 millions d’exemplaires en moins de 2 semaines. En 2019, seulement 1 an après sa création et alors que le développeur n’avait sorti aucun jeu, il a été racheté par l’éditeur Nexon.
C’est ce qu’on appelle avoir la vision
Ce rachat, c’était l’initiative d’Owen Mahoney, le PDG de Nexon de l’époque. “C’est le « oui » le plus facile que j’aie jamais prononcé”, confie-t-il à propos du rachat d’Embark, dans une récente interview accordée à TheGameBusiness. “J'ai essuyé de nombreuses résistances de la part des investisseurs et des membres du conseil d'administration. Beaucoup d'analystes à qui j'ai parlé m'ont dit : « Mais qu'est-ce que vous faites ? C'est de la folie ! »”.

Pourquoi Mahoney était sûr de lui ? Déjà parce qu’il connaissait personnellement Patrick Soderlund, le PDG d’Embark (quand il était encore chez Electronic Arts, Mahgoney a joué un rôle clé dans le rachat de DICE par EA et le recrutement de Soderlund). Mais surtout, le studio est, selon l’ex-patron de Nexon, un groupe de personnes “exceptionnel”, “extrêmement rares” dans le milieu.
Le risque n’est plus permis
L’avenir a donné raison à Mahoney, mais les réticences qu’il a rencontrées lors du rachat d’Embark veulent dire quelque chose : l’industrie des triples-A n’est plus prête à prendre de risques. “Je pense que l'industrie des jeux AAA est structurellement à bout de souffle”, affirme ainsi l’homme, toujours dans l’interview de TheGameBusiness. “On est en quelque sorte à la fin des temps”.
ARC Raiders

Mahoney aborde le sujet sous plusieurs angles. Déjà en tant qu’ancien PDG d’un éditeur majeur de l’industrie, où des erreurs - à plusieurs centaines de millions de dollars - peuvent amener le conseil d’administration à “réclamer ouvertement votre démission”. Une sorte de siège éjectable dans lequel se trouve, selon l’homme d’affaires, “tous les PDG de sociétés de jeux vidéo cotées en bourse”, ce qui les amène à favoriser des projets “familiers”, jugés plus rassurants, au détriment de projets plus risqués sur le papier. Puis, sans crier gare, un petit projet sort de nulle part (Clair Obscur, Peak, Schedule 1) et rafle tout.
“Voilà le genre de problématiques auxquelles l'industrie est confrontée. On est persuadé d'une chose jusqu'à ce qu'on nous prouve le contraire” - Owen Mahoney
Mais Mahoney évoque également le “choix cornélien” auquel les développeurs sont confrontés de nos jours. “Soit ils développent un jeu indépendant avec peu d'expérience, soit ils vont travailler dans une usine, ce qui revient au même que de travailler pour les grands studios triple-A”, note l’ex PDG de Nexon. “C'est un choix terrible. Et puis, une fois en usine, on se retrouve à travailler sur une infime partie d'un jeu, et ce n'est pas amusant. Structurellement, l'industrie est dans un état catastrophique. On est en quelque sorte à la fin des temps”.