Battlestate Game a pris son temps pour sortir de bêta Escape From Tarkov et enfin offrir aux amateurs d’Extraction Shooter une expérience vidéoludique unique en son genre. Plus de 13 ans de développement et 8 ans d’un accès anticipé qui ne dit pas son nom, on fait de EFT un jeu vidéo vénéré par une communauté devenue addict à sa vision du genre. Mais que vaut vraiment ce FPS en 2025 ? La rédaction de JV est retournée dans la zone d’exclusion pour enquêter.
From Tarkov with Love
Escape from Tarkov prend place dans la ville fictive du même nom située dans la région de Norvinsk, à la frontière russo-européenne. Suite à la prise de pouvoir de TerraGroup, un conflit géopolitique à l’échelle internationale éclate entre la corporation et les gouvernements locaux dont les intérêts sont protégés par des sociétés paramilitaires privées (SMP). Les affrontements atteignent un point de non retour et forcent la population à fuir, transformant une province économiquement prospère en zone de guerre isolée du reste du monde. Les joueurs incarnent ici un opérateur appartenant à l’une de ces deux factions rivales : le BEAR commandité par l'État russe pour enquêter et l'USEC envoyé par TerraGroup pour couvrir ses activités illégales.
Ce contexte géopolitique crédible en 2025 à l’heure des multinationales toutes puissantes et des tensions grandissantes entre l’Est et l’Ouest est l’une des forces du jeu. Hélas, exception faite d’une cinématique d’introduction fort sympathique et de documents disséminés aux quatre coins de la région de Norvinsk, cette toile de fond est trop peu exploitée et sert surtout de prétexte à des affrontements armés dans les ruines de Tarkov. Et l’histoire de l’opérateur cherchant à fuir la zone d’exclusion n’a rien de révolutionnaire non plus. Elle existe dans la version 1.0 et offre tout de même quatre fins différentes qui dépendent de certains choix faits par les joueurs en cours d’aventure, mais demeure superficielle. Et ce ne sont ni les quêtes Fedex répétitives ni la narration aux abonnés absents qui en feront un récit digne de ce nom. EFT se contente de fuir son destin à l’image des opérateurs coincés dans la cité de Tarkov.
Dès 2017, Escape from Tarkov ne pouvait décemment se vanter de ses prouesses techniques. Ce jeu vidéo développé sous Unity ne déméritait pas, sans pour autant se démarquer. Huit ans plus tard, rien n’a vraiment changé. Les multiples mises à jour du moteur ont permis au titre de gagner en finesse, mais EFT souffre de plusieurs défauts majeurs, à commencer par son manque d’optimisation, ses bugs persistants et l’absence de vie dans les environnements. Tout est dramatiquement statique et “mort”. En 2025, le constat est sans appel. Malgré une ambiance unique à mettre au crédit des artistes et une envie indéniable de proposer un univers réaliste, le First Person Shooter de Battlestate Games ne peut rivaliser avec les maîtres du genre.

"Hardcore... jusqu'à la mort"
“On veut du hardcore jusqu’à la mort” Le rappeur français Ideal J en avait fait son mantra, Battlestate Games en a fait une réalité. Escape from Tarkov est un jeu vidéo réservé à une caste de joueurs chevronnés ayant écumé la région de Norvinsk, et ne fait aucun cadeau aux nouveaux venus désireux de découvrir un Extraction Shooter mythique. Les premières heures sont âpres et laissent un goût amer en bouche, celui du métal et du sang. Cette approche sans concession du genre fait tout le sel d’une expérience souhaitée réaliste (autant que possible) et punitive, mais à quel prix.
Dans EFT, l’inattention et les prises de risques inconsidérées se payent littéralement cash. Extraction Shooter oblige, les armes et autres équipements emportés en raid sont perdus en cas de mort prématurée. Le seul moyen de les conserver et de ramener le loot trouvé sur place est de survivre et de s’extraire dans le temps imparti. A Tarkov, absolument tout joue contre vous, que ce soit la météo, la nuit, le bruit, la chance et le chronomètre. Battlestate Games pousse les opérateurs à apprendre de leurs erreurs, à étudier les cartes, les armes et à expérimenter toujours plus afin de trouver le bon rythme.

Le son est d’ailleurs d’une importance capitale. A la différence d’un Call of Duty, le bruit est ici votre principal ennemi, mais aussi votre plus fidèle allié. Tendre l’oreille fait toute la différence entre une mort certaine et une extraction les poches pleines. Et Battlestate Games s’est assuré que la spatialisation des sons était à la hauteur de ses ambitions ludiques. De cette vision singulière résulte une expérience unique en son genre faite de moments calmes tout en tension et de gunfights violents et intenses aux dénouements réalistes. Quelques balles suffisent à éliminer une cible tandis que le système de soin, d’une complexité rarement atteinte, permet de limiter la casse, mais ne peut faire de miracle. Là encore, apprendre est essentiel pour espérer survivre.
Hardcore, intransigeant, frustrant, Escape from Tarkov l’est assurément, et il revendique cette philosophie vidéoludique qui ne pardonne rien ou presque. Oui, EFT va vous faire mordre la poussière des dizaines de fois et vous frustrer au dernier degré, mais vous risquez de finir par l’aimer pour ça. On frise le syndrôme de Stockolm avec ce jeu vidéo destiné à une élite un peu barge prête à souffrir des centaines d'heures par pur plaisir. Et la raison est d’une simplicité déconcertante. Le sentiment d’accomplissement ressenti après un raid réussi est si puissant et enivrant qu’on en devient addict. Telle est la promesse faite par les studios russes et ils tiennent cette promesse coûte que coûte.

La survie du plus "stuffé"
La raison d’être d’Escape from Tarkov peut se résumer au loot et avant toute autre choses aux armes à feu. Les fanatiques de pétoires en tout genre sont au paradis avec pas moins de 200 armes répertoriées à l’heure d’écrire ce test et reproduites avec la plus grande fidélité, du visuel au comportement. Et ce n’est pas tout. Avec plus de 600 équipements, et près de 200 types de munitions, etc. la liste dépasse l’entendement pour atteindre le nombre pharaonique de +2000 items. Battlestate Games fait preuve d’une générosité à toute épreuve sur ce point, et fait ainsi le bonheur des joueurs qui peuvent personnaliser dans le moindre détail leurs opérateurs. Ils prennent alors le risque de tout perdre au cours d’un raid. C’est aussi ça Escape from Tarkov.
Cet Extraction Shooter récompense également votre manière de jouer. Des compétences passives se débloquent à mesure que vous effectuez certaines actions spécifiques ou encore des maîtrises d’armes, à condition de vous en servir sur le terrain. Escape from Tarkov s’accorde avec votre style de jeu et vous donne les outils nécessaires pour survivre, mais tout cela a un prix : un temps de jeu non négligeable pour espérer donner le change face aux vétérans rompus à la tâche. Cette progression organique des opérateurs qui rend “unique” chaque aventure au cœur de Tarkov, enrichit l’expérience vécue.
Le FPS de Battlestate Games est définitivement un jeu vidéo PC destiné aux joueurs PC et seulement aux joueurs PC. L’interface contre-intuitive au dernier degré, même pour compléter une simple quête, est à l’image d’un titre qui a évolué durant 8 longues années avant de sortir officiellement fin 2025. Escape from Tarkov repose sur les reliquats des centaines de versions déployées par le passé, et cela se ressent. Certains ajouts semblent contre nature, notamment l’histoire qui se perd dans des menus qui demanderaient à être intégralement repensés. La seule gestion du matériel et des armes en stock exige un effort logistique, sous peine de s’y perdre.

"L'enfer, c'est les autres"
Escape from Tarkov est un jeu vidéo PvEvP (JcEcJ en français) où les opérateurs affrontent à la fois des joueurs et des IA sur différentes cartes aux typologies et tailles variées. Et l’essence même de EFT repose sur ces rencontres fortuites. Hélas, l’intelligence artificielle des ennemis est bien trop perfectible pour en devenir réaliste, même s’ils s’avèrent parfois redoutables. Le matchmaking, quant à lui, peut ruiner votre raid par la seule présence d’un joueur nettement plus expérimenté. Battlestate Games défend cette vision du multijoueur, mais se faire descendre par un gus niveau 37 avec +2300 heures de jeu et +1100 éliminations au compteur peut vite refroidir les ardeurs des nouveaux venus tout juste niveau 3.
Si seulement le matchmaking ne prenait pas des plombes à trouver une partie, la pilule serait plus facile à avaler, mais NON. Il faut parfois poireauter plus de 5 minutes devant un écran de chargement interminable pour retourner sur zone. La version 1.0 manque cruellement d’optimisation sur ce point, du moins les serveurs. Les studios russes tendent tout de même la main aux joueurs avec le mode Entraînement qui permet d’apprendre les rudiments de gameplay et les cartes face à des IA. Forcément, l’expérience gagnée et le loot ne sont pas conservés en fin de raid. Il existe également un mode 100% PVE (JcE en français) destiné à ceux souhaitant vivre une expérience solo. Attention, les progressions en PvEvP et en PvE sont totalement dissociées. De plus, ce mode n’est pas inclus dans les versions de base du jeu et demande de passer à la caisse pour acheter ladite extension.

Conclusion
Points forts
- Un contexte géopolitique crédible
- Les 4 fins différentes de l’histoire
- Des gunfights violents et intenses aux sensations uniques
- Une expérience réaliste et sans concession
- Le sentiment total d’accomplissement après un raid réussi
- La progression organique de l’opérateur (compétences, maîtrise)
- Une générosité à toute épreuve (armes, équipements, items, maps)
Points faibles
- Un jeu réservé “uniquement” aux opérateurs chevronnés
- Un récit superficiel
- Une réalisation technique loin des standards de 2025 (bugs persistants, manque d’optimisation)
- Une interface contre-intuitive
- Un matchmaking lent et frustrant
- Un mode PVE payant
- Une IA encore trop perfectible
Note de la rédaction
Escape from Tarkov offre aux opérateurs téméraires et un brin masochistes une expérience vidéoludique hautement immersive au sein d’un univers dystopique, réaliste et crédible. L’Extraction Shooter de Battlestate Games se démarque des autres jeux du genre par sa vision sans compromis, ses gunfights intenses et la richesse de son contenu. Toutefois, seuls les vétérans peuvent réellement profiter de la version 1.0, tant ces derniers dominent la zone d’exclusion. EFT s’adresse avant tout à cette élite, et témoigne de peu d’empathie pour la bleusaille qui risque de “ragequit” par pure frustration. Le titre souffre également d’un manque réel d’optimisation, d’une interface contre-intuitive et d’un matchmaking capricieux. Autant de défauts qui ne devraient plus exister en 2025.