Neil Newbon, la voix d’Astarion dans Baldur’s Gate 3, s’attaque frontalement à l’IA générative dans le doublage. Entre rejet artistique et combat éthique, l’acteur défend avec passion la place de l’humain au cœur du jeu vidéo.
L’industrie du jeu vidéo traverse une période de tensions autour de l’intelligence artificielle, et elle n'est certainement pas prête de s'en débarrasser. Pendant ce temps, une voix bien connue des joueurs s’est élevée avec une rare virulence. Neil Newbon, l’acteur qui prête sa voix au vampire Astarion dans Baldur's Gate III, n’a pas mâché ses mots concernant l’usage de l’IA générative dans le doublage, allant jusqu’à qualifier le résultat de simple « merde ».
« Faux », « ennuyeux », « sans âme »
Pour Neil Newbon, malgré les progrès techniques indéniables, l’intelligence artificielle reste incapable de reproduire ce qui fait la richesse d’une interprétation humaine : l’émotion, la nuance, l’imprévu. Les voix générées par IA lui paraissent « fausses », « ennuyeuses » et « mornes à mourir ». Un jugement sévère, assumé, porté par un acteur dont la performance dans Baldur’s Gate 3 a été unanimement saluée, jusqu’à lui valoir les prix de la meilleure performance aux Game Awards et aux Golden Joystick Awards.

Selon lui, le recours à l’IA appauvrit directement la narration et trahit l’ambition artistique des œuvres. Et l’argument économique, souvent avancé par les studios, ne trouve plus grâce à ses yeux dès lors que le succès commercial est au rendez-vous. Son message est clair : les développeurs qui ont gagné de l’argent grâce à ces technologies devraient « retourner en studio » et payer de vrais acteurs pour réenregistrer les dialogues.
Une prise de position collective et militante
La colère de Neil Newbon s’inscrit dans une défense plus large des travailleurs du jeu vidéo. L’acteur rappelle que la grande majorité de ses collègues ne vivent pas dans l’opulence, mais luttent toute leur carrière pour vivre décemment de leur métier. Leur voler leur voix ou leur travail soulève, selon lui, un véritable problème éthique. Il n’est d’ailleurs pas seul à monter au créneau. Samantha Béart, la voix de Karlach, met en garde les studios tentés par des économies à court terme, estimant que l’IA pourrait « détruire leur réputation » sur le long terme. David Jones, interprète d’Halsin, se montre encore plus direct, invitant les défenseurs de cette technologie à se la « mettre dans le c*l », rappelant que la voix humaine demeure un outil de narration irremplaçable...