Dispatch : Comment un jeu sur PS5 et PC a transformé ma perception de l'humour gras en une expérience artistique réussie

Titre original : Disponible sur PS5 et PC, Dispatch m’a fait aimer ce que je déteste dans les jeux vidéo et au cinéma

Et si l’humour gras pouvait être intelligent ? Avec Dispatch, le registre grivois cesse d’être une facilité pour devenir un véritable outil narratif, capable de surprendre même les plus réfractaires.

L’humour, un peu comme l’art, c'est une affaire éminemment subjective. Certains sont capables de se tordre de rire pendant des heures sur des jeux de mots un peu pourraves (j’ai bien sûr le nom précis d’un collègue en tête quand je visualise cette situation) quand d’autres ne pourront que lever les yeux au ciel, exaspérés (moi, face à ce collègue précis). Pour ma part, je n’ai jamais été un grand amateur de l’humour gras et des blagues salaces que l’on retrouve dans certaines catégories de jeux ou de séries, sans vouloir citer Borderlands ou The Boys. Trop appuyées, trop satisfaites d’elles-mêmes, trop conscientes de leur propre irrévérence, ces œuvres me donnaient souvent l’impression de forcer le clin d’œil, quitte à écraser toute subtilité sous le poids de leur lourdeur revendiquée. Bref, à chacun son type d’humour et je respecte tout à fait ceux qui en sont clients.

Quand l’humour gras devient fin

Et puis Dispatch est arrivé. Avec son insolence, son sens aigu du timing et une finesse inattendue, le jeu a réussi l’improbable : me faire apprécier ce que j’avais toujours fui. Car s’il regorge lui aussi de blagues en dessous de la ceinture, celles-ci ne relèvent jamais du simple gag lourdement souligné. Elles s’insèrent au contraire comme des respirations naturelles, parfaitement intégrées à la narration.

Disponible sur PS5 et PC, Dispatch m’a fait aimer ce que je déteste dans les jeux vidéo et au cinéma

La grande réussite de Dispatch tient, je trouve, à cette modernité de ton, capable de jouer avec la grivoiserie tout en restant presque subtile. Chaque plaisanterie semble calibrée pour faire avancer un dialogue, creuser un personnage ou amorcer un contrepoint émotionnel. L’humour ne parasite jamais le récit : il l’accompagne, le nourrit, et révèle même une écriture étonnamment nuancée, où les figures gagnent en relief précisément parce qu’elles flirtent avec leurs propres excès. Sur ce point, le jeu surprend : il sait être grossier sans être vulgaire, irrévérencieux sans être complaisant. Bref, Dispatch signe une petite prouesse : transformer un registre comique que je jugeais rédhibitoire en véritable atout artistique. Et si vous n'y avez pas encore joué, eh bien, jouez-y.