Un scénario écrit en temps réel, des acteurs perdus et des conditions extrêmes : si ce film est salué comme une réussite majeure de la saga Star Wars, sa genèse fut un véritable parcours du combattant.
Souvent cité comme le joyau de l'ère Disney, Rogue One: A Star Wars Story est salué pour son ton sombre et son authenticité. Pourtant, derrière ce succès critique et public se cache une production bien plus chaotique qu'on ne l'imaginait. L'acteur Mads Mikkelsen a récemment levé le voile sur les coulisses du film.
Un scénario en perpétuelle mutation
Pour une franchise aussi minutieusement planifiée que Star Wars, les révélations de l'interprète de Galen Erso étonnent. « Pour un film Star Wars, le scénario était étonnamment inachevé », confie Mikkelsen, précisant qu'il ne pense pas que la production ait jamais validé une version définitive du texte. L'équipe n'a cessé de réécrire, d'improviser et de retourner des scènes pour trouver de meilleures idées en cours de route.
Si cette fluidité était vivable pour Mikkelsen, qui comprenait les motivations profondes de son personnage, la situation était bien plus complexe pour les têtes d'affiche, Felicity Jones et Diego Luna. Selon l'acteur danois, il était difficile pour les deux jeunes héros de jouer juste, car ils ne savaient pas toujours quel « bagage » narratif leurs personnages portaient au moment d'entrer dans une pièce, l'histoire changeant littéralement sous leurs pieds.

Il y a eu beaucoup de changements dans l'histoire... Pour un film Star Wars, le scénario était étonnamment inachevé. Il changeait sans cesse, alors qu'on aurait pu penser qu'il était déjà terminé. Je ne pense pas qu'ils aient jamais finalisé une version. Je pense qu'ils ont continué à travailler dessus, à improviser, à refaire des prises, puis à trouver de meilleures idées. C'est assez supportable pour un personnage comme le mien. J'avais ma mission. Je savais ce qu'elle était. Mais c'était évidemment délicat pour les deux jeunes héros qui ne savaient pas exactement ce qu'ils transportaient dans une pièce remplie de bagages. Mais je pense que le résultat final est un très bon film.
Le chaos au service de l'émotion
Mikkelsen se souvient particulièrement de sa scène de mort, sous une pluie artificielle glaciale. En raison des changements incessants dans l'histoire, ce qui devait être une simple journée de travail s'est étalé sur plusieurs jours. L'acteur a dû rester allongé dans l'eau gelée, luttant pour garder les yeux ouverts tout en délivrant ses dernières paroles à sa fille de fiction. Malgré ce que le scénariste Tony Gilroy a décrit plus tard comme un « marécage » nécessitant un sauvetage massif, le résultat final a défié les pronostics. Cette urgence et cette confusion ont peut-être paradoxalement nourri l'aspect brut et tragique qui distingue le film. Mikkelsen lui-même ne regrette rien : il estime que malgré les galères, Rogue One est devenu « un très beau film », prouvant que parfois, le chaos accouche de l'excellence.